p.m.

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Tag - archiste

Fil des billets

Libertariens : des proprietariens Étatistes et capitalistes.

Une théorie, localisée essentiellement aux États-Unis ou dans des pays anglo-saxons, avec des termes tels que "libertarien" (venant de libertaire) ou "anarcho" associés au terme "capitaliste", se diffuse à travers Internet. Une telle expropriation des termes anarchistes / libertaires par des hiérarchistes peut surprendre, au vu des incompatibilités évidentes entre ces termes, mais du fait de la récurrence de ces expressions sur le net un article succinct résumant ces "théories" semble nécessaire, pour clarifier ce qu’est cette manipulation.

L’association de termes contraires, tels "anarcho" avec "capitaliste" en un oxymore, est un art de la confusion que les étato-capitalistes aiment pratiquer afin de faire prendre des vessies pour des lanternes et vendre ainsi leurs vieilles camelotes sous un nouvel emballage doré. Cela s’est déjà vu avec les capitalo-étatistes bolcheviques qui se prétendaient communistes tout en instaurant un capitalisme d’État, aidés en cela idéologiquement et en pratique par les diverses bourgeoisies, afin d’écraser l’auto-émancipation en acte du mouvement ouvrier.

Pour clarifier le propos on n’utilisera pas l’oxymore des étato-capitalistes, ce qui serait donner de la valeur à la novlangue de ces marchands de misère. On pourrait les nommer "capitalistes d’État privé" ou "ultralibéraux", mais pour simplifier on les nommera "propriétariens", cela pour reprendre la désignation qu’utilisent avec justesse les anarchistes états-uniens pour qualifier cette nouvelle escroquerie Etato-capitaliste.

Hormis la volonté expansionniste et vorace inhérente à l’étato-capitalisme (comme à son opposé : le capitalo-étatisme) dans toutes ses dimensions, les raisons pour laquelle des étato-capitalistes propriétariens usurpent des termes venant des anarchistes sont diverses.

Historiquement, il s’agit d’une des conséquences de la guerre froide, de la politique anticommuniste états-unienne (avec sa chasse aux sorcières organisée par les maccartystes), ce qui a amené les "socialistes" états-uniens à se dénommer "libéraux" (en référence au libéralisme politique ou aux démocrates libéraux), et par effet et en parallèle, les "libéraux" (en référence au libéralisme économique ou des ultralibéraux) ont dû trouver une autre désignation à leurs mouvements pour ne pas être confondus avec les "socialistes".

Idéologiquement, en partant de l’économie autrichienne et d’une définition très particulière et erronée de l’anti-étatisme, des libéraux [1] en sont arrivés petit à petit à s’autodésigner comme "anarchistes" (en interprétant largement les idées "anarchistes individualistes" dont ils se seraient inspirées) et cela malgré une contradiction évidente  : défendre le capitalisme, implique un étatisme minimal ou maximal, une hiérarchie sociale, une société divisée en classes ainsi que le salariat, toutes conceptions totalement étrangères à l’anarchisme. Comme nous le verrons, leur anti-étatisme est étroit et faux, ce sont en fait des étatistes (des étato-capitalistes  !) qui s’ignorent sciemment.

Comme bon nombre de théories totalitaires et manichéennes, ils divisent le monde en deux camps, le capitalisme et l’étatisme. Ils considèrent qu’il faut choisir son "camp", qu’on ne peut pas lutter contre le capitalisme et l’étatisme en même temps. Il s’agit là d’un discours hypocrite, en miroir de celui des sociaux-démocrates bolcheviques (puisque ces derniers ne refusaient pas le capitalisme d’État ; tout comme les propriétariens ne refusent pas l’étatisme privé, les uns et les autres partageant donc la même contradiction totalitaire avec des points de départ opposés). Dans les faits, le capitalisme et l’étatisme sont indissociables, l’un existe par l’autre et réciproquement. Tout le reste n’est qu’une question d’équilibre politico-idéologique  : la lut-te se situe alors entre les étato-capitalistes (pour lesquels l’économie dirige le politique) et les capitalo-étatistes (qui veulent, à l’inverse, que le politique dirige l’économique). Pour masquer leur escroquerie qui résulte de l’incohérence entre la fin et les moyens, les propriétariens utilisent des mots trompeurs, comme le firent en leur temps les bolcheviques. Ce sont des manœuvres idéologiques dont l’idée est de créer l’illusion du nouveau ou du renouveau.

En pratique, les propriétariens déclarent qu’ils peuvent agir dans leur propriété privée (leur "patrie") comme si c’était un État [2] et inversement. Pour eux, le propriétaire, seul maître, a un droit absolu sur sa propriété et sur ses sujets (locataires, salariés, esclaves, citoyens). Il peut défendre sa propriété selon ses propres critères de "justice" et ses intérêts. Pour une organisation plus vaste, les propriétariens proposent des agences de protection, avec police privée, cours de justice privées, armées privées, et cela selon des codes de lois généraux propriétariens [3]. La liberté pour eux c’est la propriété et le fait de pouvoir choisir son maître, son esclave, son gouvernant, sa nation, sa police, sa justice...

Vis-à-vis de l’État actuel, une grande partie des propriétariens a choisi de passer par l’intermédiaire de divers partis ("Libertarian party", "UKIP", ... en France ils firent un essai électoral avec "Alternative Libérale" - AL) qui participent aux élections représentatives afin de justifier ce système. Aux États-Unis, un de leurs représentants, Ron Paul, variant entre "Libertarian party" et "Republican party", s’est illustré à de nombreuses reprises pour ses accointances (financements ou conférences) avec des groupes d’extrême droite (JBS   John Birch Society, les sudistes de la Ligue du Sud, des suprémacistes blancs, les intégristes de Fatima...), pour des propos racistes récurrents, notamment ces lettres des années 90 sur les Noirs (qui à Washington DC, selon lui, seraient essentiellement des criminels ou des semi-criminels), mais aussi par des prises de position contre l’abolition des lois ségrégationnistes des Etats du sud. D’autres auteurs propriétariens ont défendu des positions autrement autoritaires, tel que Hans Hermann Hoppe [4] déclarant clairement son homophobie, prônant la censure voire l’élimination physique de ses opposants, défendant la monarchie, pour ne pas dire la "dictature privée", qui selon lui est bien plus efficace qu’une démocratie, car seul le monarque saura défendre ses frontières nationales comme si c’était sa propriété privée. Il faut ajouter que d’autres positions dans le cadre du marché "libre", autres que le salariat, sont avancées par des propriétariens [5], telles que valoriser la prostitution (dans la vision globale d’une société de marchandisation), ven-dre/acheter des organes, vendre/acheter des enfants, mettre des enfants au travail salarié ou en esclavage... pour eux la morale se situe dans la propriété privée ou dans la hiérarchie et non dans les rapports sociaux égalitaires.

On peut donc comprendre la raison pour laquelle les références idéologiques et économiques des propriétariens sont Hayek, Friedman, Ludwig Von Mises,… auteurs ayant défendu ou travaillé pour des dictatures [6]...

Cette théorie totalitaire consistant à défendre le capitalisme à tout prix amène ses défenseurs à utiliser logiquement les moyens étatiques actuels qu’ils prétendent rejeter. Dans d’autres cas, ils défendent l’application des fonctions de l’État régalien au sein de leur propriété privée (individuellement ou par l’intermédiaire d’agences privées). Changer le mot "Etat" par "agence" ne change rien au fond des pratiques étatistes des propriétariens quels qu’ils soient. Tout comme l’utilisation qu’ils font des termes "anarcho" au détriment de leur propre crédibilité ne change en rien l’escroquerie de leurs théories.

Patrick Merin

[1] Malgré leur rejet initial de ce terme (jugé trop « socialiste »), notamment par Rothbard qui préférait le néologisme «  nonarchiste  » (c’est-à-dire "ni anarchiste, ni archiste") tout en se prononçant pour une hiérarchie volontaire.

[2] « En outre, la politique d’immigration antidiscriminatoire des États-Unis et d’autres pays occidentaux au cours des dernières décennies a fait en sorte que des gens qui sont étrangers ou même hostiles aux valeurs occidentales ont pu facilement s’établir dans ces pays et les infiltrer. » «  Que doit-on espérer et prôner comme politique d’immigration correcte (...) ? La meilleure que l’on puisse espérer (...) : c’est que les dirigeants démocratiques se conduisent "comme si" ils étaient personnellement propriétaires du pays, comme s’ils avaient à décider qui admettre et qui exclure dans leur propre propriété privée. Cela signifie pratiquer une politique de discrimination extrême » Democracy : The God That Failed, 2001, Hans Hermann Hoppe.

[3] cf. Rothbard, "Ethique de la liberté" sur l’universalité des droits naturels propriétariens.

[4] « Il ne peut y avoir de tolérance vis-à-vis des démocrates et des communistes dans un ordre social libertarien. Ils devront être séparés et expulsés physiquement de la société. De même, dans un engagement fondé dans l’optique de protéger la famille et les proches, il ne peut y avoir de tolérance vis-à-vis de ceux qui défendent habituellement des modes de vie incompatibles avec cet objectif. Ceux-là — les défenseurs de styles de vie différents, non-centrés sur la famille et les proches, tels que l’hédonisme individuel, le parasitisme, la vénération de la nature et de l’environnement, l’homosexualité ou le communisme —devront être éliminés physiquement de la société également, si l’on souhaite maintenir un ordre libertarien. » Democracy : The God That Failed, 2001, Hans Hermann Hoppe.

[5] Walter Block dans "Libertarianism vs Objectivism ; A Response to Peter Schwartz"

[6] « On ne peut nier que le fascisme et les mouvements similaires cherchant à mettre en place des dictatures sont remplis des meilleures intentions et que leur intervention a, pour l’instant, sauvé la civilisation européenne. Le mérite qui en revient au fascisme demeurera éternellement dans l’histoire. » Ludwig Von Mises "libéralisme" (1927) ; Friedrich Von Hayek - au sujet du Chili de Pinochet, dans le journal "El Mercurio" dit préférer une « dictature libérale à une absence de libéralisme dans un gouvernement démocratique ». ] telles que le Chili de Pinochet, l’Autriche de Dollfuss, le Portugal de Salazar, l’Italie fasciste de Mussolini. D’autres « expériences » plus récentes comme Taïwan, Hong Kong, Singapour sont souvent citées comme références : Hans-Hermann Hoppe : « Nous devons promouvoir la conception d’un monde composé de dizaines de milliers de districts, régions et cantons distincts, et de centaines de milliers de cités libres indépendantes telles que les curiosités contemporaines que sont Monaco, Andorre, Saint-Marin, le Liechtenstein, Hong Kong et Singapour. » « Le monde serait alors composé de petits États économiquement intégrés grâce au libre-échange et au partage d’une monnaie-marchandise comme l’or. ».

Ted Kaczynski n'est pas anarchiste !

Il existe aux États-unis de nombreux mouvements/individus radicaux, sortis de milieux universitaires, et s'attribuant le qualificatif "anarchiste".

Certains défendent des idées contraire aux fondements de l'anarchisme, mais s'attribuent malgré tout le terme, au mépris de leur propre crédibilité. La sophistique permet à de nombreux intellectuels de s'approprier quelques concepts liés (mais pas seulement) aux anarchistes, tout en rejetant le reste qui fait pourtant la cohérence de la philosophie anarchiste, et s'auto-proclamant malgré tout anarchiste du fait de ces quelques concepts appropriés. Cependant, malgré toute la sophistique employé pour masquer la réalité des propositions de ces intellectuels, il est possible de mettre à nu leurs théories, et de poser clairement les moyens et l'avenir proposé par ceux ci.

Par exemple, et je ne m'intéresserai qu'à celui-ci, on entend dans certains milieux écologistes radicaux que Ted Kaczynski (TK) serait anarchiste 1 !?

La lecture des écrits de TK, notamment son manifeste "la société industrielle et son avenir", est intéressante... mais... après la lecture du contenu de ses écrits, on peut douter d'une revendication d'anarchiste à son sujet. Plaide-t-il pour l'anarchie, une situation sociale de liberté et d'égalité dans laquelle n'existe aucune autorité coercitive ? non ! on le verra plus loin... On peut déjà commencer par observer, dans ses textes, que le but qu'il se fixe, c'est la "nature sauvage" et non l'anarchie, et les moyens qu'il préconise, qui ne sont en rien en concordance avec un but de "nature sauvage" (voir plus bas). Hors un but (par exemple, l'anarchie pour des anarchistes) ne peut pas être atteint avec des moyens révolutionnaires qui ne soient pas liés à une réalisation sociale de ce but, réalisation aussi infime soit-elle. On tombe sinon assez vite dans de l'autoritarisme, du hiérarchisme ou de l'avant-gardisme, et, malheureusement pour les partisans de TK, la suite de ses écrits le confirme...

Pour que son manifeste soit connu du public, mais aussi pour appliquer ses idées, il tuera ou blessera des spécialistes de la recherche informatique et génétique, et autres 3... Selon sa théorie publicitaire, il faut attenter à des vivants 3, et utiliser les médias pour être entendu. Remarquons qu'il est aussi pour brûler les livres techniques ou les usines et qu'il prône un accroissement des tensions sociales, des souffrances de la population vis à vis de la technologie moderne afin qu'il y ait révolte... Il est conscient que les conséquences de sa révolution anti-technologique amèneraient une mortalité importante dans la population (du fait des destructions des technologies permettant l'existence des sociétés modernes), mais cela serait, selon lui, nécessaire dans le processus d'anéantissement total de la technologie moderne.

TK veut attaquer et anéantir le technologisme industriel / la technologie moderne, et pour cela il propose une révolution anti-technologique (anti-T), dans laquelle les révolutionnaires utiliseraient à cette fin une partie de la technologie moderne (Vu qu'en plus le but est d'imputer les problèmes à la société technologique, afin qu'il y ait révolte, on peut imaginer le pire dans l'arbitraire d'une telle proposition et les choix possibles de la partie à utiliser pour arriver à leurs fins).

Dans son manifeste, il s'attaque à la technologie en tant que cause, mais aussi dans ses effets. Comme la technologie permet notamment le développement et le progrès de la médecine, il y a une mortalité moins importante, cela mènerait donc de fait à une population et à une production technologique qui s'accroîtrait. Il est, de par ce fait, contre la médecine qui participerait à l'extension des problèmes écologiques de par une "sur" population. De plus cela fausserait le processus de la sélection naturelle ! Cependant, TK est pragmatique et prévoyant, il prône pour l'élite et partisans anti-T de se reproduire abondamment (natalisme sélectif !?) pour former de futurs partisans/élites sains/pures (dans son idée de reproduction de comportements héréditaires !?). La médecine qu'il préconise, semble devoir se résumer à un stoïcisme attentiste vis à vis de la maladie... ceci formant, ou pas, de durs et robustes être humains qui participent à la sélection naturelle et d'une hiérarchie naturelle ? La médecine sociale défendue par les anarchistes est bien plus enrichissante pour la société qu'une non-médecine laisser-fairiste naturaliste, ou que la médecine actuelle (qui ne prend pas, ou peu, en compte l'organisation sociale comme causes des maladies).

A la différence des anarchistes, et en concordance avec les capitalistes, il prône la défense des mesures permettant l'unification de l'économie mondiale (GATT, FMI), qui au demeurant permet le renforcement de l'organisation technologique capitaliste (et aussi sa flexibilité face aux opposants), ceci pour que, dans son idée, la révolution destructrice de la technologie puisse devenir mondiale (hors si tu permets le renforcement de l'ennemi, tu affaiblis tes capacités de résistance/luttes, et la rupture est toujours pour demain, dans un déterminisme historique attentiste). C'est assez semblable à Marx (& co), le radical bourgeois, qui considérait qu'il fallait développer le capitalisme partout afin que la révolution socialiste soit enfin possible (on sait ce que cette fausse théorie révolutionnaire a donné et qui a gagné à ce jeu là : le capitalisme individualiste ou nationaliste a gagné, le socialisme non).

Comme il n'a pas fondamentalement d'éthique politique, et puisqu'il se prétend apolitique 2 (pour avant et pendant la révolution, mais pas pour après ! voir la suite...), TK propose même d'utiliser les fanatiques nazis comme éléments de la révolution anti-T. On peut d'ailleurs remarquer de flagrants appels du pied au conservatisme dans plusieurs paragraphes de son manifeste. Il énonce d'ailleurs la possibilité que, durant la révolution qu'il préconise, il y ait des dictatures, et ce serait, selon lui, un risque à prendre (et il semble même assez favorable aux dictatures ou aux monarchies ayant existé avant la révolution industrielle, car plus faibles et écologiques que les sociétés modernes). Dans l'idée de TK, une fois la société technologique anéantie, là les révolutionnaires (en fait, une caste d'intellectuels Anti-T, sélectionnés selon une hiérarchie intellectuelle/naturelle... et par népotisme?) pourront alors prendre le pouvoir politique pour contrer toute possibilité de retour à la technologie moderne (pour en rester à des technologies pré-industrielles comme au temps des pionniers des Amériques ?).

La différence avec TK concernant la technologie, est que les anarchistes s'opposent à la technologie moderne (liés aux besoins d'exploitation du capitalisme), à la technocratie, dans ce qu'elle a d'oppressante/coercitive/nuisible. Mais, plutôt que de s'attaquer qu'à une partie du système (la technologie) comme le fait TK, les anarchistes s'attaquent directement au système (le capitalisme associé à l'État), et prônent le communisme libertaire qui annihilerait cette séparation (dénoncé depuis longtemps par les anarchistes) existante entre technologie et liberté/société, et l'Homme et la Nature. Mais, non, TK ne veut s'attaquer ni au capitalisme ni à l'État ! exproprier tous les moyens technologiques pour les réadapter aux besoins réels, et/ou annihiler certaines techniques nuisibles ou inutiles pour les humains, serait pourtant une réelle révolution sociale, au contraire des propositions de TK. Une rupture révolutionnaire est nécessaire, mais pas une révolution anti-technologique élitiste, mais une révolution sociale, car il faut abolir le capitalisme et l'Etat (afin de détruire les technologies nuisibles et liés à ces organismes), et réaliser conjointement une société libre et égalitaire, et défendre les réalisations révolutionnaires instaurée, contre les retours des réactionnaires. Les anarchistes n'ont donc ni les mêmes tactiques et stratégies révolutionnaires que Ted Kaczynski, ni les mêmes buts.

TK a une position essentiellement réactionnaire vis à vis de la technologie (La "nature sauvage" qu'il défend est une éthique bio-centriste de l'"écologie profonde", qui considère "l'humanité" comme nuisible, ce qui explique ses positions morbides vis à vis des humains et des humanistes), il a une position élitiste en politique (malgré son soit disant "apolitisme", passe partout), il a une position capitaliste en économie, il a une position hiérarchiste au niveau social. Il est donc impossible, du fait de toutes ces différences fondamentales (énoncées dans ce texte) le séparant des positions anarchistes, de pouvoir le qualifier d'anarchiste... ou alors, il faudrait utiliser la lexicologie bourgeoise novlanguesque des universités postmoderne avec la pilule de "la fin justifie les moyens" pour faire de TK un anarchiste. Cependant, il est possible de définir TK comme un partisan écologiste radical, prônant une avant-garde intellectuelle dans une perspective révolutionnaire anti-technologique, voire un naturocrate du fait de sa proposition d'un gouvernements post-révolutionnaire qui régirait le retour à la nature et réprimerait certainement le progressisme. Dernièrement, et ce sera TK qui aura le mot de la fin 4, TK considérait les anarchistes écolos (il ne parle même pas des anarchistes sans adjectif qu'il considère certainement comme des progressistes) comme faisant parti du problème, puisque, selon lui, relais des valeurs progressistes (les écolos anars auraient étés, selon lui, contaminés par les idées anarchistes/progressistes ! CQFD).

Patrick Mérin.

1 : Dans son manifeste "la société industrielle et son avenir" http://kropot.free.fr/Kaczynski-livre.htm , du fait du paragraphe 215 et de ses proclamations dans ses lettres (de sa période unabomb) envoyés au New York times, signées FC , comme étant un "groupe anarchiste" (alors qu'il était le seul maitre aux commandes de son groupe virtuel). Hors être nihiliste ou poser des bombes contre des pouvoirs institués ne veut pas dire être anarchiste, ou alors il faudrait considérer, dans cette logique, que les armées nationales, ou les services secrets, sont anarchistes !

2 : " La vérité vraie est que je ne suis pas vraiment politiquement orienté. ... Je me suis impliqué dans des questions politiques parce que j’y ai été conduit, pour ainsi dire. Je n’ai pas vraiment d’inclination pour ça "

3 : "... Pour que notre message ait quelque chance d'avoir un effet durable, nous avons été obligés de tuer des gens. ..."

4 réponses de TK aux question de Kara : http://cacst.yuku.com/reply/1055/t/An-interview-with-Kaczynski.html#reply-1055 (12/08/2003)

les racines réactionnaires du primitivisme.

Critique du texte de Faun nommé "les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme".

Je ne défend pas ici l'anarcho-syndicalisme (ce n'est qu'un mot, et n'importe quel mouvement peut s'y référer),  je prend cette attaque de faun uniquement contre les idées sociales de l'anarchisme (dont l'anarcho-syndicalisme) par une personne non anarchiste.

Après la lecture du texte de chaz bufe, texte assez réaliste sur certaines mouvances post-modernes. Je note que les attaques émises par Faun sur ce texte sont comme des procès d'intentions, porté par une sacré dose de mauvaise 'foi' et d'un égo mal placé. Le texte de Feral Faun est faiblard (et ancien), mais une réfutation de ses dires peut quand même avoir de la valeur, puisque le texte a été traduit et publié dernièrement par certains pour lequel ce texte semble avoir de la valeur...

Le texte de Faun pose la thèse que l'anarcho-syndicalisme serait l'extension du projet libéral, du fait que "La bourgeoisie radicale" aurait les mêmes valeurs/mots/terminologies que "l'anarchosyndicalisme". Il me semble pourtant que ce n'est pas la même terminologie qui permet de déterminer que l'un soit égal à l'autre. A priori, dans le texte, il y a nombre de termes non expliqués et non mis en relation avec les idées qu'il attaque, par exemple, il prend le terme libéral dans le sens (existant aux États-unis, suite au macarthisme) vague de "gauche" (social-démocratisme ou social-libéralisme?). De ce fait, il se permet de mélanger des mouvements qui ont quelques valeurs communes en apparence mais qui n'ont pas le même fond, les mêmes projets et n'ont donc pas les mêmes moyens, c'est donc la création fictive d'une confusion. Mais on sait qu'aux États-Unis le terme de libertaire a été récupéré par les bourgeois individualistes au détriment de la plus basique logique.

Si on utilisait la même méthode d'analyse, on pourrait certainement en arriver à trouver chez Faun des positions naziophiles. Par exemple, les partisans de la "nature" (dont F. Faun semble en être) utilisent +/- les mêmes termes, ce n'est pas pour autant qu'ils aient les mêmes buts... bien que... pour prendre un exemple (un peu extrême certes, mais en prenant moins réactionnaire, on peut en arriver à la même conclusion), une partie des nazis ont mis en avant la "nature" ou d'autres thématiques proche du primitivisme, avec force, faut il en déduire que les primitivistes sont des nazis qui n'assument pas ? peut-être bien, ce qui expliquerait pourquoi ils rejettent, comme les nazis, les "libéraux" (gauche) et les anarcho-syndicalistes... on pourrait donc avec une telle méthode d'analyse en arriver à un article "Les racines nazis du primitivisme" (les nazis se composaient entre autres de bourgeois, d'aristos...), etc. Jean Giono en fit les frais... Une méthode préférable serait un texte "De l'intérêt d'apprécier à leur juste valeur les idées primitivistes" ou "De l'intérêt d'apprécier à leur juste valeur les idées anarcho-syndicalistes", ceci pour que cela soit un apport à l'anarchisme, mais certains préfèrent la caricature, le mensonge à la vérité, et le mépris à la justesse.

Il utilise une citation d'un texte anarcho-syndicaliste et précise (pour prouver sa thèse) qu'en enlevant "mouvement ouvrier" et "classe des employeurs" à ce texte, il pourrait être similaire à un texte de la bourgeoisie radicale. On peut faire de même avec les nazis et Faun, en enlevant le nécessaire pour arranger le décor. Donc revendiquer la liberté, l'égalité, l'absence d'exploitation et d'autoritarisme lui fait bizarrement penser à la bourgeoisie libérale (de gauche) et à l'anarcho-syndicalisme, mais c'est seulement qu'il oublie d'analyser les bases, les projets et moyens réels des mouvements et qu'il se fie sur de fausses apparences, hors les libéraux sont des partisans de l'État, et pour eux, "liberté et égalité" ne peut signifier dans les faits que leur contraire : "license et hiérarchie". Idem pour exploitation et autoritarisme, ils ne sont pas contre (puisque faisant tout pour camoufler cette réalité du capitalisme qu'ils défendent) pour arriver à leurs fins. Donc Faun veut faire encore des parallèles entre des idées, mais sans un minimum de méthode scientifique ou de connaissances des mouvements en question. Il pense que, pour les Anarchosyndicalistes, les "valeurs prennent le pas sur les besoins, désirs, ...", mais j'ai plutôt l'impression que Faun prend un peu trop ses désirs pour la réalité ou la réalité spectaculaire universitaire comme référence pour sa réalité. La liberté comme "capacité de l'individu unique à créer sa vie" n'explique pas si c'est une volonté aristocratique et atomiste ou si c'est une volonté égalitaire... hors ce point est important pour un anarchiste... cette dichotomie entre individu et société est absurde quand il s'agit de parler de liberté. Un individu sans société, ou une société sans individus, ça n'existe pas. Il y a une corrélation sociale de fait, puis volontaire, entre les deux. La liberté sociale que défendent les anarchistes est au contraire une socialisation de la liberté individuelle

Puis après ces lamentables essais de confusionnisme des mouvements, Il continue sans aucune connaissance des propositions et perspectives de l'anarchosyndicalisme... La société capitaliste organise les industries selon ses besoins de profits et le marché, les industries sont organisés selon un mode patriarcal et/ou technocratique, un patron et ses sous fifres contrôlant les moyens de productions, dont les salariés. L'industrie actuelle a pour but de développer le capital de leur propriétaire.

Les anarchistes (du moins les anarchosyndicalistes et anarchistes communistes) proposent le communisme libertaire, donc de partir des besoins pour développer des activités (existantes ou non) permettant d'y répondre (selon le principe "de chacun selon ses besoins, à chacun selon ses moyens"). Donc, l'industrie sera certainement un des moyens utilisé dans ce sens, mais surement que nombre d'industries inutiles seront réorganisés suivant les besoins sociaux réels recensés... et le travail étant pénible, l'industrie serait réorganisé aussi dans le but de trouver des moyens techniques permettant de se passer des travaux pénibles. En cela, Abraham guillèn proposait, autant qu'il est possible, l'automatisation des industries afin qu'il y ait le moins de travaux pénibles. Donc, le progrès, la technique et la production dans ce sens là n'a rien de nuisible pour la liberté et le bien être des humains... Ce qui empêche de telles possibilités, c'est l'organisation de l'industrie lié au but de profit du système... On peut le voir, par exemple, avec l'organisation énergétique, et les diverses créations (*) qui pourraient permettre de se passer de moyens nuisibles actuels (nucléaire, pétrole, bois, etc) pour le bien être et la vie... mais leur développement, ils en demandent le prix fort, seul les riches, les Etats peuvent se permettre. La technologie est utilisé comme un pouvoir de coercition et de contrôle, il faut l'éliminer pour que la technologie redevienne moyen d'émancipation. Ce n'est pas tant contrôler les moyens de productions qui est important, mais que les moyens de productions soient utilisés pour les besoin réels des individus impliqués. Donc, oui, les patrons, ou une direction fut elle un syndicat international des travailleurs, n'ont aucune raison d'être dans ce genre d'organisation autogérée, et la gestion des usines n'est pas un fardeau si c'est lié aux besoins réels, et si l'organisation du travail est organisé par ceux qui y travaillent, ou selon le personnes intéressées. L'autogestion libertaire est lié à un but d'émancipation, et non uniquement de gestion, la liberté que défendent les anarchistes n'est pas la reproduction d'un système, mais la réadaptation des moyens aux besoins.

Ce doit être le coté anti-organisationnel de Faun qui le met à considérer toute organisation comme de l'esclavage. Cependant, la nature cher aux primitivistes rend les individus esclaves de ses organisations naturelles. On doit manger, se loger, se protéger des prédateurs ou parasites (sous peine de mourir ou de s'affaiblir), se reproduire, etc. Ces organisation naturelles nous obligent donc à être esclaves de ces déterminations, et à pratiquer un minimum de travail.

Faun mange, se loge, se protège des prédateurs et parasites, etc. pour cela, si il refuse le travail salarié, il doit faire une activité de ramassage/récupération de déchets (ou voler), se loger dans un abri de fortune (ou squat), apprendre à se défendre contre ce qui lui nuit... ce qui nécessite un minimum de travail (activité permettant de répondre à un besoin). Le régime actuel est dans un système organisé sur le parasitisme du travail, en ses marges existent le parasitoidisme (parasite un parasite pour se développer) d'un coté et le commensalisme (se sert des excédents du parasitisme) de l'autre. Celui qui prétend ne pas travailler est, soit un commensal d'allocations d'État (qui est lié aux taxes/parasitages sur le travail salarié, dont parle chaz Bufe, et que Faun prend pour lui) , soit vit chez papa maman ou chez de bons amis, soit un commensal marginal de la société. Faun apparemment défend les commensaux marginaux (les "déviants" ? en quoi est ce une déviance ?) tels que les vagabonds, bohémiens, sauvages... et aussi les rebelles, renégats, hors la loi... hors ces derniers peuvent tout autant être prédateurs, parasites (ou -oides), commensaux, que mutualistes (sabaté) du travail. En anarchie, les commensaux existeront certainement et ils auront la liberté de s'organiser comme ils le voudront. Mais niveau nourriture ou habitat, puisqu'en anarchie cela sera plutôt rationalisé, les commensaux (vu le peu de place à l'indifférence et au nihilisme, et une valeur forte de solidarité, de liberté et d'égalité chez les anarchistes) auront la facilité de vivre en société (et de devenir mutualistes) et la difficulté de vivre en commensal, une association autonome de commensaux de leur part sera indispensable, et un minimum de travail devra se faire de leur part, mais les primitivistes commensaux n'ont rien contre le travail de cueillette ou de construction d'habitats, j'imagine. Ou alors, les commensaux primitivistes préfèrent le parasitisme qui leur permettent de vivre facilement (en déchetivores du fait de l'irrationalisme alimentaire - gaspillage- y existant, ou en squatteur, ou en allocataire d'État, idem), et de jouer les rebelles à peu de frais ?!

Le texte de Faun est une mise en valeur de ce qui est appelé l'"anarchisme style de vie". Ils se mettent dans une posture de rebelle "anti-". Anti-social donc en marge de la société, mais ne voit pas de société libre possible telle que défendue par les anarcho-syndicalistes, ni la société d'individus atomisés qu'il semble défendre (voir barbarie). Anti-travail mais profite des excédents du capitalisme, mais ne voit pas la possibilité de travail libre comme proposé par les anarcho-syndicalistes, ni que ses activités pour survivre sont du travail. Plutot que de mettre en valeur la volonté sociale de supprimer le travail salarié et tout travail inutile, ils stigmatisent un mot. Plutot que de mettre en valeur la volonté sociale d'une société libre et d'annihiler les sociétés autoritaires, ils stigmatisent le terme société (qui n'est juste que le reflet des rapports sociaux inter-individuels ; l'individu est unique, mais la société aussi est unique).

Mais le pire, c'est qu'entre barbarie et socialisme, Faun, et ses amis, semblent avoir choisis la barbarie rebelle. Des individus atomisés qui sont soit disant plus libres que n'importe qui d'autres, mais une liberté barbare, et comme disait proudhon : « Au point de vue barbare, liberté est synonyme d'isolement : celui-là est le plus libre dont l'action est la moins limitée par celle des autres. Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais une auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables. ».

Les stylistes de vie utilisent cette idée que "le personnel est politique" comme moyen d'attaquer ces opposants, et comme l'anarcho-syndicalisme est en opposition et l'antithèse aux stylistes esthétisant anticonformistes primitivistes, Faun l'attaque. A ce moment là, tout est bon, comme dans une guerre, le mensonge, les biais...

malgré tout, la médiocrité de ses méthodes et de ses critiques, et du reste, est démasqué.

Patrick Mérin.