L'anarchisme[1] est une philosophie qui appelle à la réalisation (par la lutte anti-autoritaire et l'association) d'une société libertaire et égalitaire, et qui prône l'abolition de l'institution de la hiérarchie et de l'autorité.

Sommaire

Étymologie et usages

Le terme anarchisme est issu du grec ancien anarkhia.

« An » est la marque du privatif (sans - privé de - absence de, ...).
« arkhê » définit ce qui se rapporte à l'autorité, au "pouvoir sur" et au rapport social de domination "commandement / obéissance", à la hiérarchie.
« isme » désigne une philosophie.

On peut le résumer comme« philosophie prônant l'absence d'autorité ».

Étymologiquement, l’anarchie peut également être expliquée comme l'absence de tout principe premier/transcendantal, de toute cause supérieure et unique (Dieu, Nature, Loi, Droit, Nation, Peuple, Société, Individu...). L'anarchisme est donc aussi une philosophie, une manière immanente d'être au monde, sans intermédiaire de principe premier.

Parfois, le mot anarchie est utilisé pour décrire le chaos, le désordre, les guerres civiles. Et de ce fait, les partisans de l'anarchie, les anarchistes, sont parfois confondus et résumés comme étant uniquement des destructeurs de l'ordre, ou des créateurs de désordre. Cependant, bien que les termes de chaos, d'ordre ou de désordre, et de guerre civile, aient des significations relatives, de telles situations correspondraient parfois plutôt à un état d'anomie, c'est-à-dire une situation de "désordre" créé par l'autorité.

Pour éviter une mauvaise compréhension des idées anarchistes, par la confusion entretenue entre anarchie et anomie[2], les anarchistes utilisent parfois le terme d'« acratie » [3] ou du terme libertaire[4], comme synonymes d'anarchiste.

Les anarchistes ne prônent donc absolument pas l'absence d'ordre[5], de règles et de structures organisées, mais un ordre libre, organisé et multiple, sans déterminisme autoritaire, sans autorité hiérarchique...

L'anarchisme exprime, en soi, une valeur positive (le refus de l'autorité[6]), alors que libertaire exprime une autre valeur positive (appel à la liberté[7]). L'un et l'autre sont complémentaires. Faire une différence entre anarchisme et libertaire (ou libertarisme[8]) est devenu un non-sens historique.

Philosophie

Depuis les débuts de l'humanité, de nombreuses manifestations des idées libertaires prendront forme, à travers l'action de différents groupes et individus. Cependant, les premières manifestations modernes de l'anarchisme (en tant que philosophie) sont généralement présentées comme commençant aux alentours de la révolution française[9] par des individus souvent considérés comme des Précurseurs de l'anarchisme. La publication, en 1840, du livre "qu'est ce que la propriété ?" de Proudhon[10], marquera la naissance, par un premier pas, d'un positionnement anarchiste :

« - Qu'êtes vous donc ? - Je suis anarchiste. [...] quoique très ami de l'ordre, je suis dans toute la force du terme, anarchiste. »[11]

Dans les œuvres suivantes, Proudhon initiera des idées thématiques (fédéralisme, autogestion, mutualisme etc.) qui influenceront le développement ultérieur de l'ensemble de l'anarchisme.

La philosophie anarchiste "nous enseigne que nous pouvons vivre dans une société libérée de toute contrainte"[12]. Les rapports sociaux autoritaires (commandement / obéissance[13]), qui sont, de fait, aliénants, oppressifs, nuisibles, générateurs de désordre, et qui entravent inutilement les libertés et initiatives individuelles et collectives[14], tant au niveau politique[15], économique[16] et social seraient également amenés à disparaître :

« Selon nous, tout ce qui tend à détruire l'oppression économique et politique, tout ce qui sert à élever le niveau moral et intellectuel des hommes, à leur donner conscience de leurs droits et de leurs forces et à les persuader d'en faire usage eux-mêmes, tout ce qui provoque la haine contre l'oppression et suscite l'amour entre les hommes, nous approche de notre but et est, donc, un bien, sujet à un calcul quantitatif afin d'obtenir, avec une force donnée, le maximum d'effet positif »[17]

On retrouve, dans l'anarchie, une recherche et une volonté de liberté, de bien-être, d'harmonie et d'émancipation individuelle et sociale :

« Nous désirons la liberté et le bien-être de tous les hommes, de tous les hommes sans exception. Nous voulons que chaque être humain puisse se développer et vivre le plus heureusement possible. Et nous croyons que cette liberté et ce bien-être ne pourront être donnés ni par un homme ni par un parti, mais tous devront en découvrir en eux-mêmes les conditions, et les conquérir. Nous considérons que seule la plus complète application du principe de la solidarité peut détruire la lutte, l'oppression et l'exploitation, et la solidarité ne peut naître que du libre accord, de l'harmonisation spontanée et voulue des intéressés » [17].

Dans cette perspective d'émancipation vers une société libertaire, les sociétés et institutions autoritaires, caractérisées par l'injustice sociale, sont à abolir :

« États, Constitutions, Églises, etc., se sont toujours évanouis dès que l'individu a levé la tête, car l'individu est l'ennemi irréconciliable de tout ce qui tend à submerger sa volonté sous une volonté générale, de tout lien, c'est-à-dire de toute chaîne »[18]

Le passage à l'anarchie implique alors une évolution sociale par diverses réalisations émancipatrices ou/et une rupture radicale avec l'ordre autoritaire, ceci par une révolution sociale :

« La révolution sociale est une route à parcourir [...] Elle ne pourra s'arrêter que lorsqu'elle aura accompli sa course et aura atteint le but à conquérir : l'Individu libre dans l'humanité libre »[19]

Au delà de ces positions et luttes anti-autoritaires, les anarchistes projettent l'organisation[20] d'une société fédéraliste et autogestionnaire, dans laquelle la liberté économique, politique et sociale permettrait à chacun(e) de réaliser pleinement sa souveraineté individuelle.

Liberté et solidarité

Comme a pu l'exposer Bakounine dans ses œuvres, la liberté que défendent les anarchistes, est avant tout une relation sociale solidaire[21], évolutive et volontariste, menant petit à petit, vers une plus grande liberté des individus au sein d'une société[22] en émancipation :

« Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C'est au contraire l'esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s'étend à l'infini. »[23].

Les anarchistes, rejetant la liberté bourgeoise et/ou atomiste[24], ou, la solidarité particulariste ou communautariste, revendiquent cependant et absolument la liberté solidaire, la liberté sociale ou la solidarité libertaire :

« Au point de vue barbare, liberté est synonyme d'isolement : celui-là est le plus libre dont l'action est la moins limitée par celle des autres. Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais une auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables. »[25].

Proudhon rajoutera et précisera ainsi cette question :

« Il ne s’agit pas de supprimer la liberté individuelle mais de la socialiser »[réf. souhaitée].

Bakounine considère également que pour instaurer un régime de liberté et éviter des régimes d'autorité, la liberté doit se socialiser :

« la liberté sans le socialisme conduit à des privilèges et à l'injustice ; le socialisme sans la liberté conduit à l'esclavage et à la brutalité »[26].

L'anarchisme, de par ses principaux penseurs, oscillera constamment, avec certaines variations et harmonies, entre liberté individuelle et collective, ce qui sera alors nommé du socialisme libertaire, équivalent en fait à anarchisme. La sensibilité individuelle/sociale fait que :

« L'anarchiste est, selon le cas, plus individualiste que sociétaire ou plus sociétaire qu'individualiste [...] [cependant] on ne peut concevoir un libertaire qui ne soit pas individualiste » [27]

Néanmoins, tout individualiste n'est pas, en soi, anarchiste :

« Tous les anarchistes, à quelque tendance qu'ils appartiennent, sont d'une certaine façon des individualistes. Mais la réciproque est loin d'être vraie : tous les individualistes ne sont pas, tant s'en faut, des anarchistes. »[28]

Et comme tout socialiste n'est pas, en soi, anarchiste :

le socialisme autoritaire pour qui « en général, la réglementation a été la passion commune de tous les socialistes d'avant 1848, moins un seul : Cabet, Louis Blanc, Fouriéristes, saint simoniens, tous avaient la passion d'endoctriner et d'organiser l'avenir, tous ont été plus ou moins autoritaires. Mais voici que Proudhon parut : et dans le fait et d'instinct cent fois plus révolutionnaire que ces socialistes doctrinaires et bourgeois, il s'arma d'une critique aussi profonde et pénétrante qu'impitoyable, pour détruire tous leurs systèmes. Opposant la liberté à l'autorité, contre ces socialistes d'État, il se proclama hardiment anarchiste »[26].

Max Stirner dans son ouvrage "L'unique et sa propriété"[29] se dressera contre toutes les doctrines, tous les dogmes, toutes les idées [30] qui exigent le sacrifice de l'individu à une cause prétendument supérieure à lui-même. Cet ouvrage influencera en partie la philosophie sociale de l'anarchisme, au début du XXe siècle :

« Stirner a réhabilité l'individu à une époque où, sur le plan philosophique, dominait l'anti-individualisme hégélien et où, sur le plan de la critique sociale, les méfaits de l'égoïsme bourgeois avaient conduit la plupart des réformateurs à mettre l'accent sur son contraire : le mot "socialisme" n'est-il pas né comme antonyme d'"individualisme" ? Stirner exalte la valeur intrinsèque de l'individu « unique », c'est-à-dire à nul autre pareil, tiré par la nature à un seul exemplaire »[27].

Pour les anarchistes, tout part de l'individu et tout doit lui revenir. L'individu est au centre de la société, il fait partie de cette association et (ou) en est le co-créateur contractuel ; Comme l'énonçait Proudhon :

« Plus d'autorité, cela veut dire [...] accord de l'intérêt de chacun avec l'intérêt de tous, identité de la souveraineté collective et de la souveraineté individuelle »[31] et « comme l'individualisme est le fait primordial de l'humanité, l'association en est le terme complémentaire »[32].

Cohérence entre les moyens et les fins

La cohérence entre les moyens et les fins est un concept révolutionnaire, pour lequel les moyens utilisés doivent atteindre un certain but, et devraient fonder (et non contredire) la fin elle-même. C'est un concept largement appliqué dans l'anarchisme, correspondant à une praxis anarchiste.

Un principe distinguant l'anarchisme du pseudo-anarchisme est la cohérence entre les moyens et les fins. Si l'anarchisme est destiné à favoriser la recherche d'une vie loin des principes autoritaires (but), alors la façon de faire (les moyens) doit être sans principes autoritaires. par exemple, l'avant gardisme, le centralisme politique, le représentativisme est rejeté, car on ne veut pas d'une société hiérarchisé entre ceux qui seraient porteurs de la vérité ou qui auraient un role décisionnaire, ou de représentativité. donc un "avant gardiste" ou un partisan du "centralisme politique" ou un "représentativiste" n'est pas anarchiste. un défenseur de concepts autoritaire tels que le nationalisme, le capitalisme ne peuvent etre considérés comme anarchistes.

La cohérence entre moyens et fins peuvent faire partie d'un parcours historique d'apprentissage chez les libertaires pour devenir de véritables anarchistes. Ou vu autrement, comme un processus personnel/collectif d'apprentissage anarchiste.

C'est un principe qui appele les libertaires et anarchistes à être pratiqué dans votre vie quotidienne pour aider à l'avénement de l'anarchie.

Révolte et Lutte Anti-Autoritaire

À travers l'histoire du mouvement libertaire, les anarchistes permettront le développement des pratiques libertaires au travers de la diffusion de sa presse et de sa littérature subversive (Proudhon, Bakounine, ...)[33], de par leurs activités de résistance directe, de révoltes et de luttes au sein de la société :

« L'homme s'est émancipé, il s'est séparé de l'animalité et s'est constitué comme homme ; il a commencé son histoire et son développement proprement humain par un acte de désobéissance et de science, c'est-à-dire par la révolte et par la pensée » [34]

L'implantation locale du mouvement au sein des divers lieux de lutte (localités ou entreprises), ou de vie, se fera en parallèle. Cette révolte contre l'injustice sociale que produisent les régimes d'autorité, est profondément ancrée chez les anarchistes :

« L'anarchisme est né d'une révolte morale contre l'injustice sociale »[17].

Elle les conduira à lutter, par l'entraide ou en solidarité, contre ces régimes, et pour l'avènement d'une société libertaire où la justice sociale[35] serait mise en application :

« Lorsque nous combattons la société actuelle, nous opposons, à la morale bourgeoise individualiste, la morale de la lutte et de la solidarité, et nous cherchons à établir des institutions qui correspondent à notre conception des rapports entre les hommes »[36]

C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système autoritaire, en commençant par l'usage de différents moyens de luttes[37] permettant de l'affaiblir, et de manière inversement proportionnel, de solidariser les révoltés[38].

Résistance et Action Directe

La résistance passive à l'autorité se fait naturellement au sein des sociétés autoritaires (de manière volontaire ou spontané), les individus traînent des pieds, ils font de l'obstruction au sein de leur lieu de travail (baisse d'activité, arrêts maladies, etc...), ils oublient de participer aux affaires décrétées par l'État, etc. Les anarchistes pensent que toutes ces résistances passives du quotidien pourraient devenir une résistance consciente et active, pouvant ainsi alors mener à des Action directes affaiblissant l'autorité et permettant la réalisation de la volonté réelle (liberté politique, économique et sociale) des individus et des associations là où ils se trouvent. par exemple au sein du lieu du travail :

action directe « [Cela] veut dire action des ouvriers eux-mêmes, c'est-à-dire action directement exercée par les intéressés. C'est le travailleur qui accomplit lui-même son effort ; il l'exerce personnellement sur les puissances qui le dominent, pour obtenir d'elles les avantages réclamés. Par l'action directe, l'ouvrier crée lui-même sa lutte ; c'est lui qui la conduit, décidé à ne pas s'en rapporter à d'autres qu'à lui-même du soin de le libérer »[39].

La résistance à l'oppression est une constante chez les anarchistes. Que l'oppression soit politique, économique ou morale, les anarchistes se refusent à toute capitulation devant ces autorités :

« tout anarchiste [...] comprend les fatalités économiques qui obligent aujourd'hui l'homme à lutter contre l'homme [...] Mais [...] sans la révolte de l'individu, s'associant à d'autres individus révoltés pour résister au milieu et chercher à le transformer, ce milieu ne changerait jamais. »[36].

les organisations nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir les institutions autoritaires, tels l'État[40], le Capital et l'Église en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à une nouvelle oppression.

Le mouvement anarchiste développera au sein de la société de nombreuses associations permettant l'union de toutes ces résistances. Des Causeries populaires ou des bourses du travail seront organisées comme lieu de débat et de diffusion de la culture alternative, et comme moyen d'organiser la lutte ouvrière. Des Squats et des Colonies libertaires (Cecilia, Aiglemont, Vaux, St-Maur, Cempuis ...) se développeront également comme lieu de vie alternative, en marge de la société autoritaire, ou comme une contre-société. Les École modernes (école de la ruche, l'Escuela Moderna de Ferrer en Espagne, l'École moderne à New-York par Berkman et plusieurs autres, ...) seront créées afin de développer l'expérience d'une éducation libertaire. Les coopératives (Cosme, ...) comme lieu d'organisation des échanges alimentaires, etc.

Résistance sociale

L'autorité morale étant un support pour que les autorités économiques et politiques puissent s'organiser, la praxis libertaire se développera au sein de ces sociétés afin de combattre ces relais moralisants de l'autorité. les médias étant aujourd'hui le relais le plus présent...

Pour la mouvance anarchiste, la religion (et son dieu) est une idée relais de l'autorité, et doit être anéantie :

« Du moment que Dieu, l'Être parfait et suprême, se pose vis-à-vis de l'humanité, les intermédiaires divins, les élus, les inspirés de Dieu sortent de terre pour éclairer, pour diriger et pour gouverner en son nom l'espèce humaine (...) l'idée de Dieu implique l'abdication de la raison et de la justice humaines, elle est la négation la plus décisive de l'humaine liberté et aboutit nécessairement à l'esclavage des hommes, tant en théorie qu'en pratique. [...] Si Dieu est, l'homme est esclave ; or l'homme peut, doit être libre, donc Dieu n'existe pas. »[23].

Les anarchistes seront généralement Athées, et de farouches anticléricaux. Cet athéisme et cet anticléricalisme leur seront tellement reconnus que la devise "Ni Dieu Ni Maître" leur sera attribuée[41].

Depuis que Dieu et ses saints sont tombés largement aux oubliettes, la nation est devenue l'idée moralisatrice et mystificatrice, remplaçant Dieu, qu'entretient l'État Moderne[42] pour s'assurer un appui dans la population. Les anarchistes dénoncent cette mystification de l'unité, cachant par cela une volonté interclassiste de gommer les différences sociales derrière une idée de nation "une et indivisible", c'est ce qui arrivera dans les démocraties libérales et avec force caricaturale, en Italie fasciste ou en divers pays capitalistes (d'État) :

« [le principe de la nation], principe ambigu, plein d'hypocrisie et de pièges, principe d'État historique, ambitieux au principe, bien plus grand, bien plus simple, et le seul légitime , de la liberté : chacun, individu ou corps collectif, étant ou devant être libre, a le droit d'être lui-même, et personne n'a celui de lui imposer son costume, ses coutumes, sa langue, ses opinions et ses lois ; chacun doit être absolument libre chez soi. [...] Toutes ces idées étroites, ridicules, liberticides et par conséquent criminelles de grandeur, d'ambition et de gloire nationale, bonnes seulement pour la monarchie et pour l'oligarchie, aujourd'hui également bonnes pour la grande bourgeoisie, parce qu'elles leur servent à tromper les peuples et à les ameuter les uns contre les autres pour mieux les asservir »[43] - « rien n'est plus absurde et en même temps plus néfaste, plus mortel pour le peuple que de faire du pseudo principe de la nationalité l'idéal de toutes les aspirations populaires [...] la question nationale, selon nous, doit s'effacer entièrement devant les grands problèmes de la lutte sociale »[44]

Face aux guerres nationales (l'idée de nation, rabâchée en temps de paix, étant son appui), et pour ne pas participer à des massacres orchestrés par la grande muette, les anarchistes, de par leur antimilitarisme, suggèrent dés que possible au niveau individuel la Désertion ou l'Insoumission, ceci lorsqu'un mouvement social de grève général n'a pas pu arrêter la folie meurtrière. Pour les militaires intégrés, pour ceux considérant les ordres ou les buts des belligérants injustes (répression des grèves, colonialisme, hégémonie nationale, ...) l'usage de la mutinerie (ici dans le cadre militaire - et non carcéral, même si cela est également un des moyens de résistance -) est un moyen de libération et de solidarisation avec les masses populaires opprimées.

La démocratie libérale tentera de faire croire à l'illusion électorale dans le suffrage universel du citoyen ou du travailleur, et prétend alors représenter les personnes vivant dans la surface concerné dont le parlement/syndicat a arbitrairement le pouvoir de décision, mais ce n'est qu'un moyen pour perpétuer leur pouvoir avec l'assentiment des citoyens/travailleurs :

« Nous repoussons toute législation, toute autorité, toute influence privilégiée, patentée, officielle et légale, même sortie du suffrage universel, convaincus qu'elle ne peut jamais tourner qu'au profit d'une minorité dominante et exploitante contre les intérêts de l'immense majorité asservie. Voilà en quoi nous sommes anarchistes. »[23]

En cela, les anarchistes répondent, généralement[45], par l'Abstention électorale[46], donc ne participent pas aux institutions représentatives politiques et syndicales :

« Loin d’être un «non-acte» de démissionnaire, l’abstention consciente est un acte responsable de refus d’un système de domination où le droit de vote constitue l’acte public d’allégeance du plus grand nombre au pouvoir de quelques uns. L’histoire récente des social-démocraties montre combien le rituel électoral, qui devait garantir la liberté et les moyens de vie pour chacun d’entre nous, n’a fait que renforcer le pouvoir d’une caste de possédants et l’exploitation de l’immense majorité des êtres humains. Parce que nous sommes pour l’abolition de ce système autoritaire où la propriété et le profit servent de valeur morale, et parce que nous savons qu’un monde de solidarité, de partage - riche de sa diversité - est possible, nous appelons à la lutte contre le pouvoir par l’abstention et l’action directe. »[47]

L'école est le lieu moderne où l'autorité (ces rapports sociaux) se reproduit par une éducation formaté au discours du pouvoir, de par un rapport de savoir hiérarchique décidé en haut lieu. L'élève doit se soumettre[48] à une discipline imposée, et par des connaissances orientées (notamment en histoire) dans lesquelles le système en place est préservé de toute critique (par négation, par occultation...), il est formaté en bon citoyen. les classes sociales sont censés s'evaporer au sein de l'école... la lutte des classes sociales est induite dans l'école.

Les Médias de masse étant un outil et un pouvoir au service du système dans le but de contrôler les pensées des masses afin de les soumettre aux idées du système dominant, les anarchistes n'ont de cesse que de combattre également cet outil. internet est une faille dans ces monopoles de l'information, de plus en plus les pouvoirs tentent de contrôler l'Internet... mais les mêmes problèmes persistent sur internet, des médias tentent de centraliser l'information.

Résistance économique

L'oppression économique et la lutte des classes, qu'impose le capitalisme, engendrent toutes sortes de résistances au sein de la classe ouvrière. Fin XIXe et début XXe siècle, le mouvement anarchiste reprendra une dynamique révolutionnaire avec son implication dans le mouvement syndical. Les anarchistes proposeront diverses variantes quant aux méthodes que prendra l'organisation syndicale dans la lutte révolutionnaire au sein du système économique[49]. En france, le syndicalisme révolutionnaire (mouvement qui sera initialement influencé par les écrits de Émile Pouget, Fernand Pelloutier, etc)[50] influencera en retour le mouvement anarchiste, qui ménera ensuite à la création de l'anarcho-syndicalisme [51]. Le sabotage et l'obstructionnisme seront des formes de résistance (popularisées par Émile Pouget), consistant à stopper ou ralentir le travail de production comme moyen de résistance face aux exploiteurs, les amenant au mieux à négocier de nouvelles conditions de travail (ex: moins d'heures de travail, congés payés, etc), lorsque ce n'est pas pour réprimer les ouvriers et en conséquence radicaliser les groupes ouvriers. Pour les travailleurs, le meilleur moyen associant un outil de résistance de masse à la pression productiviste et un moyen de lutte permettant aux ouvriers de se prendre en main face au pouvoir patronal (& co), et un moyen pour préparer la révolution sociale, serait la grève générale expropriatrice et insurrectionnelle[52] :

«  La grève générale m’a toujours paru un excellent moyen pour ouvrir la révolution sociale. Toutefois, gardons-nous bien de tomber dans l’illusion néfaste qu’avec la grève générale, l’insurrection armée devient une superfétation. [...] Ou bien l’ouvrier, crevant de faim après trois jours de grève, rentrera à l’atelier, la tête basse, et nous compterons une défaite de plus. Ou bien il voudra s’emparer des produits de vive force. Qui trouvera-t-il devant lui pour l’en empêcher ? Des soldats, des gendarmes, sinon des bourgeois eux-mêmes et alors il faudra bien que la question se résolve à coups de fusils et de bombes. Ce sera l’insurrection, et la victoire restera au plus fort. [...] Préparons-nous donc à cette insurrection inévitable, au lieu de nous borner à préconiser la grève générale comme une panacée s’appliquant à tous les maux. [...] Il faudra donc s’emparer par la force des moyens d’approvisionnement, et cela tout de suite, sans attendre que la grève se soit développée en insurrection. [...] Encore une fois, l’organisation ouvrière, la grève, la grève générale, l’action directe, le boycottage, le sabotage et l’insurrection armée elle-même, ce ne sont là que des moyens. L’anarchie est le but. »[17].

Dans la position de consommateur potentiel, de manière individuelle ou dans une dynamique collective, Les actions de Boycott seront utilisées pour sanctionner directement un acteur économique, de l'exploitation et du pillage, dans sa production et/ou sa distribution. Par exemple, faire des actions de boycott, en solidarité avec les travailleurs, pour protester contre les conditions de travail des salariés d'une entreprise ; des écologistes appellent au boycott contre des produits de multinationales qui polluent (en n'achetant pas les produits de ces multinationales - OGM, pesticides -). En tant que citoyen, face à l'État qui impose ses impôts, la pratique de la désobéissance civile sera exercée par Thoreau. Il refusera de payer des taxes à l'État, d'une part, parce que celles-ci étaient prévues pour payer la guerre des États-unis contre le Mexique, et d'autre part, afin de protester contre l'esclavage qui est alors en vigueur aux États-Unis ; ce terme sera utilisé et affirmé plus tard par divers mouvements (anti-OGM, anti-nucléaire, ...) pour résister à des actions légales de l'État (jugées illégitimes par les acteurs de la résistance) :

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. (...) lorsqu’un sixième de la population d’une nation qui se prétend le havre de la liberté est composé d’esclaves (...) je pense qu’il n’est pas trop tôt pour les honnêtes gens de se soulever et de passer à la révolte. »[53]

Toutes ces résistances économiques et sociales actives, selon leur force, permettent de freiner les avancées de l'autorité au sein de la société, et permettent de rendre visibles ces volontés de résistance, et les idées sociales qui les sous-tendent. L'autorité évidemment se défend par tous les moyens (politique, économique, médiatique, éducatif...) dont elle dispose. La répression (médiatique, économique, policière, militaire, etc) est souvent la seule réponse des autorités (selon le type de situation et de gouvernement) à ces mouvements. Néanmoins, l'entraide entre tous les révoltés est un facteur essentiel pour parer la répression des autorités et pour hâter l'avènement d'une révolution sociale.

Révolution Sociale

Des anarchistes considèrent qu'il faut, au delà de toutes ces résistances actives (à fédérer), préparer moralement, politiquement et économiquement les individus/sociétés à la révolution sociale à venir, ceci afin de s'acheminer vers l'anarchie, et que les individus/sociétés soient prêts à prendre leur liberté en s'organisant sans maîtres et selon leurs besoins et désirs :

« la préparer au sens de faire avancer le processus évolutionnaire, d'éclairer le peuple sur les maux de la société actuelle et de le convaincre qu'une vie sociale fondé sur la liberté est désirable et possible, juste et pratique ; de la préparer en faisant clairement prendre conscience aux masses de ce dont elles ont besoin et de comment l'obtenir » [12]

Au delà des volontés politiques (fédéralisme, mandatement impératif, ...), économiques (autogestion, mutualisme, communisme, ...) et sociales (souveraineté individuelle et collective, autonomie...) que désirent les anarchistes au quotidien, ils proposent donc de nombreux moyens révolutionnaire tendant à mener à l'anarchie. La révolution sociale créé les conditions de changements économiques et politiques répondant aux besoins des évolutions de la société. La société, dans toute sa complexité, est alors actrice et ordonnatrice de l'évolution sociale qu'elle veut se donner :

« il ne faut pas que tu confondes la révolution sociale et l'anarchie. La révolution, au cours de certaines de ses étapes, prend la forme d'un violent soulèvement ; l'anarchie est la condition sociale de la liberté et de la paix. La révolution est le moyen qui permettra d'établir l'anarchie, mais elle n'est pas l'anarchie elle-même. Elle ouvrira la voie à l'anarchie, établira les conditions qui rendront possible une vie en liberté » [12]

La nocivité de l'autorité[54] induit la nécessité de supprimer, détruire, les institutions qui la portent :

« Une seule voie vous est ouverte si vous voulez donner tort aux puissants : c'est la force ; dépouillez-les de leur puissance, vous les aurez réellement mis dans leur tort et privés de leurs droits ; sinon, vous ne pouvez rien, vous vous ferez de la bile en silence ou vous serez sacrifiés comme des fous encombrants. (...) S'il y a derrière toi quelques millions d'autres pour te protéger, vous formez ensemble une puissance importante et vous aurez facilement la victoire. »[18]
Insurrection et expropriation

L'insurrection[55] et l'expropriation sont des actes populaires appelant à la nécessité d'une rupture révolutionnaire et d'une destruction de l'ordre existant pour se libérer des contraintes oppressantes dans laquelle se trouve la société :

« pour moraliser la société actuelle, nous devons commencer d'abord par détruire de fond en comble toute cette organisation politique et sociale fondée sur l'inégalité, sur le privilège, sur l'autorité divine et sur le mépris de l'humanité ; et après l'avoir reconstruite sur les bases de la plus complète égalité, de la justice, du travail, et d'une éducation rationnelle uniquement inspirée par le respect humain, nous devons lui donner l'opinion publique pour garde et, pour âme, la liberté la plus absolue. »[56] « La révolution sociale anarchiste (...) surgit d'elle même, au sein du peuple, en détruisant tout ce qui s'oppose au débordement généreux de la vie populaire, afin de créer ensuite, à partir des profondeurs mêmes de l'âme populaire, les nouvelles formes de la vie sociale libre. »[57].

Bakounine sera un fervent adepte de l'insurrection et de l'expropriation révolutionnaire :

« La révolution telle que nous l’entendons devra dès le premier jour détruire radicalement et complètement l’État et toutes les institutions de l’État. Les conséquences naturelles et nécessaires de cette destruction seront :
a) la banqueroute de l’État
b) la cessation du paiement des dettes privées par l’intervention de l’État, en laissant à chaque débiteur le droit de payer les siennes s’il veut
c) la cessation des paiements de tout impôt et du prélèvement de toutes les contributions, soit directes, soit indirectes
d) la dissolution de l’armée, de la magistrature, de la bureaucratie, de la police et des prêtres
e) l’abolition de la justice officielle, la suspension de tout ce qui juridiquement s’appelait droit [...] Par conséquent abolition et autodafé de tous les titres de propriété, actes d’héritage, de vente, de donation, de tous les procès - de toute la paperasse juridique et civile en un mot. Partout et en toute chose le fait révolutionnaire au lieu du droit créé et garanti par l’État
f) la confiscation de tous les capitaux productifs et instruments de travail au profit des associations de travailleurs, qui devront les faire produire collectivement
g) la confiscation de toutes les propriétés de l’Église et de l’État aussi bien que des métaux précieux des individus au profit de l’Alliance fédérative de toutes les associations ouvrières - Alliance qui constituera la Commune. »[58]

L'insurrection de la commune de paris (1871) montrera les possibilités de telles pratiques. L'insurrection tend à mettre à bas l'autorité politique, et laisser toutes les aspirations populaires s'exprimer. Parmi elles, l'expropriation[59], le partage ou la socialisation des terres, des sols ou des moyens de production et/ou de distribution des propriétaires exploiteurs, ainsi que la destruction des registres de propriété, ou l'appropriation des réserves bancaires[60] seront alors les premières tâches à réaliser pour appliquer la justice sociale et mettre également à bas l'autorité économique (qui ne pourra alors pas utiliser ces réserves/papiers à des fins contre-révolutionnaires) :

« faire main basse sur la richesse sociale, d'appeler les déshérités à s'emparer des magasins, de l'outillage, du sol ; de s'installer dans les locaux salubres en détruisant les trous où on les force à pourrir aujourd'hui » (...) « Les révoltés devront détruire les paperasses qui assurent le fonctionnement de la propriété : études d'huissiers, de notaires, cadastres, enregistrement, état civil devront être visités et « nettoyés » »[61]

Pendant que les insurrections et les expropriations détruisent les bases de l'autorité, La spontanéité des masses[62] pourra alors s'exprimer concrètement, l'œuvre constructive révolutionnaire réalise en parallèle les aspirations populaires. L'autogestion et ses diverses possibilités économiques, ainsi que le fédéralisme et ses différents réseaux peuvent alors s'organiser concrètement sans autorité politique, ni économique.

Lors d'un congrès anarchiste, la propagande par le fait sera proposée. Dans les années 1870, Malatesta, avec d'autres compagnons, expérimenteront en Italie, dans le benevent, le fait insurrectionnel par la libération de diverses communes, en brûlant les registres et en y proclamant le communisme libertaire. Ce sera un échec. Durant les révolutions russes et espagnoles, les expropriations se manifesteront de manière spontanée. En Russie, les expropriations des grands propriétaires terriens seront l'œuvre des paysans, et les industries seront appropriés par les ouvriers :

« Entre juin et octobre 1917, alors que le gouvernement provisoire s'obstinait à discuter interminablement de «réformes», les paysans commencèrent à confisquer les biens des grands propriétaires terriens et les ouvriers prirent possession des industries. On appela cela l'expropriation de la classe capitaliste, c'est-à-dire le fait de priver les maîtres des choses qu'ils n'avaient pas le droit de monopoliser, des choses qu'ils avaient volées aux classes laborieuses, au peuple. »[12].

Dans des communes d'Ukraine, sous l'influence de l'Armée révolutionnaire insurrectionnelle, notamment à Goulaï polié et aux alentours, le communisme libre sera appliqué[63]. En espagne, les expropriations des exploiteurs mèneront à la collectivisation des terres, des usines, des services publics, etc. Plusieurs organisations économiques (communistes, mutualistes collectivistes) se côtoieront au sein des collectivités libertaires.

Il restera à défendre ces réalisations révolutionnaires contre l'autorité réactionnaire.

Autodéfense populaire

Toute autorité qui tendra à imposer à la population de nouvelles règles, de nouveaux tyrans donnera à l'autorité en retour, selon la vitalité de la société, de nouveaux ennemis. La force de la révolution sociale sera inversement proportionnelle à la force de la réaction de la vieille société. Toute la liberté et le bien-être qu'apportera cette révolution sociale ne détournera pas la population d'elle. En cela, la réalisation, l'implantation et l'exemplarité de la révolution sociale, dans tous les domaines, sera la meilleure défense contre ses ennemis :

« Les généraux blancs ou les contre-révolutionnaires n'auraient aucune chance s'ils n'avaient pas la possibilité d'exploiter l'oppression et l'injustice pour monter le peuple contre la révolution. Seul le mécontentement populaire peut alimenter la contre-révolution. (...) C'est dans le sentiment qu'éprouvent les masses de faire elles-mêmes la révolution, d'avoir la maîtrise de leurs vies, d'être devenues libre et d'accroître leur bien-être, que se trouve la plus grande force de la révolution. (...) Les ouvriers et les paysans armés constituent la seule défense efficace de la révolution. S'appuyant sur leurs syndicats et leurs coopératives, ils devront toujours être sur leurs gardes face aux attaques contre-révolutionnaires »[12].

Lorsque le système, qui vient de s'effondrer, avec les partisans d'un système oppressif ancien ou nouveau, cherche à reprendre le pouvoir (refusant l'existence de cette révolution qui lui ôte tout privilège), le recours aux armes par les révolutionnaires est alors une ultime nécessité pour se défendre :

« l'autodéfense exclut tout acte de coercition, de persécution ou de vengeance. Elle ne consiste qu'à repousser les attaques et à empêcher l'ennemi de nous agresser. (...) La révolution se défendra avec la plus grande détermination contre la vraie contre-révolution, contre tous ses ennemis actifs, contre toute tentative agressive ou violente de la ruiner ou de la saboter. La révolution a le droit et le devoir de le faire. (...) Les véritables combats et la lutte armée impliquent des sacrifices humains, et les contre-révolutionnaires qui perdront leurs vies dans de telles circonstances subiront les conséquences inévitables de leurs actes. »[12]

La guérilla[64], ou la guerre sociale, sera pratiqué dans de nombreuses révolutions auxquels les anarchistes participeront. Lors de la commune de paris, durant la révolution mexicaine, russe et espagnole (et dans d'autres situations révolutionnaires), des combats armés éclateront entre les anti-autoritaires[65] et les autoritaires[66]

Organisation sociale


positionnement de l'anarchisme vis à vis des idéologies autoritaires

Les anarchistes pensent qu'une fois la société libérée[67] des entraves artificielles qu'impose l'autorité, un « ordre » s'organiserait librement, et de manière spontané et (ou) volontaire[68]. L'anarchie est d'ailleurs souvent énoncé comme «Le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir»[69], « la plus haute expression de l’ordre »[70], ou comme « l'ordre moins le pouvoir » [71].

La question essentielle étant la réalisation de la liberté et de la solidarité au sein de la société, et l'organisation sociale permettant d'instaurer cette possibilité[72].

Fédéralisme Libertaire

Pour l'union des individus, les libertaires défendent le mode d'organisation associatif :

« Ce n'est que dans l'association que votre unicité peut s'affirmer, parce que l'association ne vous possède pas, mais que vous la possédez et que vous vous servez d'elle." [...] "Bref, la société est sacrée et l'association est ta propriété, la société se sert de toi et tu te sers de l'association » [18]
Pour la réunion de groupes associatifs plus étendus, ce mode d'organisation sera développé, sous la forme du fédéralisme et de l'internationalisme :
« Nous avons reconnu que le contrat social par excellence était un contrat de fédération, un contrat synallagmatique et commutatif... dont la condition essentielle est que les contractants se réservent toujours une part de souveraineté et d'action plus grande que celle qu'ils abandonnent. » - « Dans un système fédéraliste (...) la liberté aspire à se rendre prépondérante, l'autorité à devenir servante de la liberté; et le principe contractuel à se substituer partout, dans les affaires publiques, au principe autoritaire... » - « La fédération résout toutes les difficultés de l'accord de la liberté et de l'autorité. La révolution française a fondé les prémisses d'un ordre nouveau, dont son héritière, la classe ouvrière, possède le secret. Cet ordre nouveau, le voici : réunir tous les peuples en une « confédération des confédérations » »[73] - « Que d'une nation à l'autre, les travailleurs se tendent la main »[74]

L'organisation politique fédéraliste se réalise à partir de plusieurs organismes associatifs (syndicats, communes[75], groupements internationaux, etc.), qui conservent leurs libertés propres, et qui s'associent en mandatant l'organisme fédérateur, sur des buts précis et avec des moyens définis. Le fédéralisme libertaire laisse ainsi aux organismes, associés et fédérés, la possibilité, à tout instant, de la révocation ou de l'amendement d'un mandat fédéral, dés que celui-ci n'est pas respecté. Le principe de base étant la recherche de consensus ou de l'unanimité. Trouver un consensus satisfaisant est un processus qui demande en général beaucoup de temps de discussion, mais dès que le mandat impératif est finalement défini et qu'il convient aux associés, celui-ci est ainsi plus aisément applicable :

« Tout individu, toute association, toute commune, toute province, toute région, toute nation ont le droit absolu de disposer d'eux-mêmes, de s'associer de ne point s'associer, de s'allier avec qui ils voudront et de rompre leurs alliances, sans égard aucun pour les soit-disant droits historiques, ni pour les convenances de leurs voisins » - « le droit de la libre réunion et de la sécession également libre est le premier, le plus important de tous les droits politiques, celui sans lequel la confédération ne serait jamais qu'une centralisation masquée »[56].

En pratique, l'organisme confédéré est mandaté par les organismes fédérateurs, et vice versa. c'est un mode d'organisation qui permet d'agir en complémentarité/auxiliarité, sans centre directeur ni marge. Les décisions partent de l'individu et lui reviennent, et chaque groupe reste autonome. La centralisation, qui se crée, devient donc libre et volontaire :

« Ce que nous mettons à la place de la centralisation politique, c'est la centralisation économique »[31] - « Ce qui fait la centralisation d'une société d'hommes libres (...), c'est le contrat. L'unité sociale (...) est le produit de la libre adhésion des citoyens (...). dans toutes ses fonctions et facultés, il faut que la centralisation s'effectue de bas en haut, de la circonférence au centre, et que toutes les fonctions soient indépendantes et se gouvernent chacune par elle-même. Vous avez une centralisation d'autant plus forte que vous en multipliez davantage les foyers. »[76]

D'une certaine façon, lors de groupements informels (luttes, grèves, révoltes, ...), au sein des organisations libertaire ou lors de révolutions sociales, les anarchistes proposent la pratique de la démocratie directe qui, par l'assemblée souveraine, permet de définir rapidement les actions ou les moyens organisationnels à réaliser.

Économies Autogestionnaires

Les besoins du travailleur (en opposition au besoin capitalistique) se doit d'être la base pour la production. Les anarchistes s'opposent par cela aux économies d'exploitations et de pillages[77] (et notamment au capitalisme qui est l'économie actuelle), dans lequel un propriétaire (maitre / seigneur / patron) exploite/pille des travailleurs (esclave / serf / salarié) pour se faire un surplus de capital au détriment des travailleurs ou de leurs besoins :

« ce ferment reproducteur, ce germe éternel de vie, cette préparation d'un fonds et d'instruments de production, est ce que le capitaliste doit au producteur, et qu'il ne lui rend jamais ; et c'est cette dénégation frauduleuse qui fait l'indigence du travailleur, le luxe de l'oisif et l'inégalité des conditions. C'est en cela surtout que consiste ce que l'on a si bien nommé exploitation de l'homme par l'homme. »[11].

La possession des moyens de production[78], uniquement par ceux (individu ou collectif)[79] qui les travaillent sont des points essentiels de la liberté économique que préconisent les anarchistes.

« Nous, producteurs associés ou en voie d'association, nous n'avons pas besoin de l'État (...). L'exploitation par l'État, c'est toujours de la monarchie, toujours du salariat (...). Nous ne voulons pas plus du gouvernement de l'homme par l'homme que de l'exploitation de l'homme par l'homme. Le socialisme est le contraire du gouvernementalisme (...). Nous voulons que ces associations soient (...) le premier noyau de cette vaste fédération de compagnies et de sociétés, réunies dans le commun lien de la république démocratique et sociale. »[80].

Proudhon considère la nécessité de la « suppression de tous les revenus du capital », et préconise qu'au sein de la commune « l'atelier remplace[ra] le gouvernement », ce que Bakounine poursuivra et confirmera :

« La base de cette organisation est toute trouvée : ce sont les ateliers et la fédération des ateliers; la création des caisses de résistance, instruments de lutte contre la bourgeoisie, et leur fédération non seulement nationale, mais internationale; la création de chambre de travail, comme en Belgique » [81].

En opposition à l'exploitation, les anarchistes défendent donc l'autogestion, comme l'affirmation de l'aptitude des humains à s'associer (sans relation d'exploitation) pour gerer ensemble les moyens permettant de répondre à leurs besoins. La condition de base est que les membres d'un projet renoncent à penser, vouloir et décider pour les autres, mais qu'ils se centrent au contraire sur ce qu'ils veulent pour eux-mêmes, qu'ils assument pleinement dès le départ le caractère personnel et situé de leurs demandes. Les rapports sociaux d'autorité disparaissent dès le départ, aux niveaux économique, politique et sociales. Un projet autogéré se doit de se doter de structures permettant à chaque participant de faire connaître et valoir ses besoins et désirs :

« une forme de transaction qui, ramenant à l’unité la divergence des intérêts, identifiant le bien particulier et le bien général, effaçant l’inégalité de nature par celle de l’éducation, résolve toutes les contradictions politiques et économiques ; où chaque individu soit également et synonymement producteur et consommateur, citoyen et prince, administrateur et administré ; où sa liberté augmente toujours, sans qu’il ait besoin d’en aliéner jamais rien. »[31].

Les libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire en autogestion selon une économie mutuelliste, collectiviste ou communiste, cependant une autre position circonstancialiste sera l'Anarchisme sans adjectif :

« Dans chaque localité, dans chaque milieu sera résolu le degré de communisme ou de collectivisme ou de mutuellisme qui pourra être atteint »[82]

Plus récemment, le mouvement écologiste préconise une économie d'auto-subsistance/suffisance ou de décroissance.

L'économie anarchiste mutualiste[83] est développé initialement par Proudhon (et ses successeurs, dont James Guillaume), elle défend l'autogestion fédéraliste et propose l'échange équitable entre deux parties solidaires[84]. Selon cette proposition économique, le travail, fondement de la société, devient le levier (l'atelier remplacant le gouvernement.) de la politique, le réalisateur de la liberté :

« le principe de mutualité [...] est [...] bien certainement le lien le plus fort et le plus subtil qui puisse se former entre les hommes. Ni système de gouvernement, ni communauté ou association, ni religion, ni serment, ne peuvent à la fois, en unissant aussi intimement les hommes, leur assurer pareille liberté »[85]

Cette tendance socialiste intégrera, dés le début de sa création, l'association internationale des travailleurs. Plus tard, elle sera minoré par la proposition collectiviste (qui dévellopera le mutualisme en y précisant un collectivisme révolutionnaire). Nombreux mutualistes proudhoniens seront convaincus par les arguments collectiviste de bakounine, et s'y associeront. Cependant, des libertaires continueront à défendre la théorie mutualiste initiale de proudhon sans tendre vers le collectivisme, d'autres tendront vers l'individualisme libertaire mutualiste.

Varlin et Bakounine développeront donc au sein de l'AIT, à partir de leur intégration en 1868, l'idée d'une collectivisation des moyens de production par les associations ouvriéres. Le collectivisme libertaire, propose l'autogestion de ces associations et que la répartition se fasse selon des valeurs égalitaires, de par l'adage « À chacun le produit de son travail ». le coût du travail étant alors mesuré à l'heure ou à la tache. La valeur dépendant des régles pratiqués localement, et par des bons de travail adaptés :

« Je ne suis point communiste parce que le communisme[86] concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'État, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'État. [...] Je veux l'organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas on haut, par la voie de la libre association, et non du haut en bas par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste.[43].

Plus tard, fin 1876, des anarchistes des sections italiennes[87] préconiseront le communisme libertaire[88] (en complément[89]et/ou pour le dépassement du collectivisme anti-autoritaire). Un grand nombre de mouvements anarchiste s'associeront alors à cette perspective autogestionnaire communiste (à l'exception des anarchistes espagnols qui jusqu'en 1932 défendront le collectivisme bakouninien). Le communisme libertaire, part de l'adage « À chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités », et veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le nécessaire pour y répondre :

« anarchie et communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne pas se trouver ensemble, car ces deux termes, synonymes de liberté et d’égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de la révolution. (...) Nous devons être communistes, car c’est dans le communisme que nous réaliserons la vraie égalité. Nous devons être communistes, parce que le peuple, qui ne comprend pas les sophismes collectivistes[90], comprend parfaitement le communisme comme les amis Reclus et Kropotkine l’ont déjà fait remarquer. Nous devons être communistes, parce que nous sommes des anarchistes, parce que l’anarchie et le communisme sont les deux termes nécessaires de la révolution. »[91]

Les économies développées par les anarchistes varieront entre mutualisme libertaire et communisme libertaire, avec des variantes collectivistes ou individualistes... Vis à vis de toutes ces tendances, certaines organisations anarchistes seront spécifiques (synthésistes, plateformistes), d'autres globalistes...

Anarchisme contemporain

Aujourd'hui, il existe de nombreuses théories anarchistes distinctes mais non limitatives. Différents groupes peuvent donc se définir comme anarchistes et néanmoins avoir des positions (au niveau tactique, stratégique, organisationnel, comme au niveau de leur sensibilité politique, économique et social) différentes, complémentaires ou parfois opposées. Il existe diverses tendances au sein du mouvement anarchiste, parfois anciennes ou récentes, parfois connues ou inconnues... Les tendances de l'anarchisme, qui sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées, peuvent revendiquer un héritage historique très riche, qui a été composé au fil des décennies par un militantisme et un activisme très vivace. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme. Les différentes tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire et égalitaire au niveau politique, économique et social. Néanmoins, les moyens peuvent diverger.

Les révoltes de Mai 68 et les mouvements contre-culturels (mouvement beatnik ou Hippie, puis les Punks) initieront un renouveau des questions sociales sur ce qui fonde l'autorité morale. Les Situationnistes, notamment, exposeront leur point de vue radical. Par ailleurs, diverses recherches anthropologiques (pierre Clastres, etc) et sociologiques (épistémologie, Paul Feyerabend, linguistique, Noam chomsky) montreront les mécanismes de transmission coercitives du savoir[92] qui tiennent la société dans des relations autoritaires, et la nécessité de dénoncer et de créer la resistance devant ces méthodes de perpetuation de l'autorité par les médias.

D'autres approches dans différents domaines : politiques, philosophiques, sociologiques ou littéraires se démarqueront parfois des positions libertaires vues plus haut (voir notamment le post-anarchisme qui s'inspire de la pensée post-structuraliste et post-moderne.), et revendiquent plutôt des luttes spécifiques.

Cette diversification de la philosophie anarchiste montre que l'anarchisme tend à se diversifier en fonction de l'attachement des penseurs à des sensibilités politiques ou philosophiques différentes. Certes, toutes ces tendances ont en commun de rejeter l'autorité et ses pouvoirs, mais les « programmes » des différents courants sont parfois incompatibles entre eux ; mais l'anarchisme n'étant pas monolithique mais fédéraliste, cela n'altère en rien le mouvement. Au sein du mouvement anarchiste, d'autres mouvements non classiques sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains sont considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres ne sont pas du tout considérés.

Les rapports homme/femme (patriarcat, sexisme, etc) et les rapports humanité/nature (exploitation de la nature...), existant, seront remis en question et méneront à l'avénement d'autres pratiques.

Depuis la moitié du XIXe siècle, le patriarcat est vu comme une des manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés, l'anarchiste dejacque considérera d'ailleurs "cette question de l'émancipation de la femme" comme "la question d'émancipation de l'être humain des deux sexes". Emma Goldman et Voltairine de Cleyre et d'autres auteurs développeront cette question du féminisme au sein de l'anarchisme, celle ci prendra une grande ampleur à partir des années 60's. En essence, cette théorie voit la lutte anarchiste contre l'autorité patriarcal comme une composante essentielle de la lutte féministe et vice-versa. En paralléle de cette lutte féministe, les anarchistes défendront l'Amour libre et la libération des femmes par la possibilité du Contrôle des naissances (pour ne pas devoir subir le rôle unique de femme/mére que tend à imposer le patriarcat). Il lutteront pour la liberté sexuelle (dont des sexualités non hétéronormés).

Devant les effets destructeurs de la technocratie et de l'industrielisme, L'écologisme, mouvement ancien[93] mais réactualisé depuis les années 1960's[94], rejette toute forme d'économie industrielle et d'exploitation du monde naturel (mouvement proche de certaines composantes communautaire) dans une mesure plus ou moins importante, et forment un autre pôle de la pensée anarchiste. Les anarchistes écologistes proposent, selon la tendance, soit un retour à la nature sous forme de société "primitive", soit la mise sous controle, par les individus associés, de la technologie (rejetant les technologies nécessitant une autorité), ceci par une économie autogéré d'auto-suffisance.

liens internes


Economie / politique Tendances sociales principes sociaux Tendances économiques principes économiques Tendances politiques principes politiques
A
N
A
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Socialisme / Fédéralisme



Collectivisme libertaire
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anarchisme communiste
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individualisme libertaire
Liberté - Egalité - Solidarité - Aide Mutuelle - entr'aide - humanisme - société sans classes - Spontanéisme - volontarisme - féminisme - Souveraineté de l'individu - Révolte communisme
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finalisme
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Anarchisme sans adjectif
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mutualisme
autogestion - travail - association et autonomie ouvriére - coopérative de production et de consommation - bourses du travail - possession - écologisme - Autosuffisance - Prise au tas - Expropriation synthésisme
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globalisme
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spécifisme
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graduélisme
Fédéralisme libertaire - Démocratie directe - Action directe - Assembléisme - insurrectionisme - Associationisme - Internationalisme - conseillisme - Anarcho-syndicalisme - Communalisme libertaire - contrat synallagmatique - Mandatement impératif - Consensus - unanimité


Notes et références

  1. "Il n'y a, il ne peut y avoir ni Credo, ni catéchisme libertaires. Ce qui existe et ce qui constitue ce qu'on peut appeler la doctrine anarchiste c'est un ensemble de principes généraux, de conceptions fondamentales et applications pratiques sur lesquels l'accord s'est établi entre individus qui pensent en ennemis de l’autorité et luttent, isolément ou collectivement, contre toutes disciplines et contraintes politiques, économiques, intellectuelles et morales qui découlent de celle-ci. Il peut donc y avoir et, en fait, il y a plusieurs variétés d'anarchistes mais toutes ont un trait commun qui les sépare de toutes les autres variétés humaines. Ce point commun, c'est la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et la haine de toutes les contraintes qui procèdent des institutions basées sur ce principe. Ainsi, quiconque nie l'autorité et la combat est anarchiste. (...)" Sébastien Faure, dans l'Encyclopédie Anarchiste
  2. Lire Anarchie et anomie de Alain PESSIN, dans Réfraction N°1
  3. mot d'origine grecque "akràtos" équivalent au terme latin "anarkhê"
  4. Terme qui sera inventé par Joseph Déjacque construit sur un modèle alors répandu chez les socialistes utopistes par l'usage du terme prolétaire (égalitaire, fraternitaire), et qui apparaît dans une lettre ouverte à P. J. Proudhon, De l'Être-Humain mâle et femelle - Lettre à P. J. Proudhon, publiée à la Nouvelle-Orléans en mai 1857, et ce sera le nom du journal "le libertaire" qu'il éditera à New-York, et Terme, qui lors de la répression anti-anarchiste de la fin du XIXe siècle sera repris par les journaux anarch... libertaires. Lire Joseph Déjacque et la création du néologisme "libertaire" par Vincent Pelosse, 1972.
  5. Malgré les définitions de nombreux dictionnaires qui semblent partir du présupposé que l'autorité (qu'ils réduisent au terme "gouvernement") est consubstantielle à l'ordre. Sauf qu'à cet ordre présupposé, il manque le qualificatif "autoritaire" (dans son sens premier, lié à l'autorité), en effet, l'autorité est consubstantielle à l'ordre (ou au désordre) autoritaire. D'aprés le Robert, l'anarchie serait : l'"Absence de gouvernement ; confusion ou désordre qui en résulte", et pour le Littré, ce serait, idem, une "absence (An) de gouvernement (archie) et par suite désordre et confusion", l'absurde et le ridicule revient à une version ancienne du Larousse qui énoncera que "la doctrine anarchiste offre un singulier mélange d'illuminisme désintéressé et de violence aveugle et brutale". Il est "intéressant" de remarquer que les définitions données aux termes "autorité" et "autoritarisme" mettent, au contraire, implicitement celui-ci sous un jour favorable.
  6. "Quiconque nie l'autorité et la combat est anarchiste" Sébastien Faure, dans l'article "Anarchiste" de l'encyclopédie anarchiste.
  7. "La doctrine anarchiste se résume en un mot : Liberté" Sébastien Faure, dans l'article "Anarchie" de l'encyclopédie anarchiste.
  8. ne pas confondre avec le terme libertarianisme (mouvement partisan du capitalisme, ou d'un État minimal, et donc clairement libéral et non anarchiste).
  9. L'évolution sociale amenant l'amenuisement du pouvoir féodal et religieux, et l'expansion du pouvoir politique d'État par la bourgeoisie en tant que nouveau despotisme légaliste, justifiant ainsi l'État, le capitalisme et sa société.
  10. Malgré quelques-uns de ces écrits (Proudhon énoncera, en mars 1863, dans une correspondance envoyée à Clerc, le fait qu'il ne relisait pas ses anciennes œuvres et qu'il se pouvait qu'il y ait des "conciliations difficiles" entre ses différentes oeuvres) que rejetteront des anarchistes, la plupart des tendances énonceront Proudhon comme le principal initiateur de la doctrine anarchiste.
  11. 11,0 11,1 Proudhon dans "qu'est ce que la propriété ?", 1840.
  12. 12,0 12,1 12,2 12,3 12,4 12,5 Alexandre Berkman, dans "Qu'est ce que l'anarchisme ?", 1929 - (en)
  13. "Dans la société actuelle, l'autorité revêt trois formes principales engendrant trois groupes de contraintes : 1. La forme politique : l'État ; 2. la forme économique : le capital ; 3. la forme morale : la religion." Sébastien Faure, dans "Les anarchistes, ce qu'ils sont, ce qu'ils ne sont pas", 1928.
  14. "Rien n'est faisable par l'initiative, par la spontanéité, par l'action indépendante des individus et des collectivités tant qu'elles seront en présence de cette force colossale dont l'État est investi par la centralisation." Proudhon[réf. souhaitée], cité par Daniel Guérin dans "l'anarchisme" (en).
  15. "Le gouvernement de l'homme par l'homme, c'est la servitude" (proudhon[réf. souhaitée], 1850) [...] "Quiconque met la main sur moi pour me gouverner est un usurpateur et un tyran. Je le déclare mon ennemi." (Proudhon, dans "Les Confessions D'un Révolutionnaire") - "Etre gouverné c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni titre ni la science, ni la vertu... Etre gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! Et qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent, au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, cette ignominie ; des prolétaires qui posent leur candidature à la présidence la République !" (Proudhon, dans "du principe d'autorité" de son livre "idées générales de la révolution").

    "La centralisation se fortifiant toujours (...), les choses sont arrivées (...) au point que la société et le gouvernement ne peuvent plus vivre ensemble" - "Il n'y a rien, absolument rien dans l'État du haut de la hiérarchie jusqu'en bas, qui ne soit abus à réformer, parasitisme à supprimer, instrument de tyrannie à détruire. Et vous, vous parlez de conserver l'État, d'augmenter les attributions de l'État, de rendre de plus en plus fort l'État! Allez, vous n'êtes point un révolutionnaire" Bakounine [réf. souhaitée].
  16. "Une fois le gouvernement disparu, avec toutes les institutions qu'il protège, une fois la liberté conquise pour tous, ainsi que le droit aux instruments de travail, sans lequel la liberté est un mensonge, nous n'entendons détruire toutes choses qu'au fur et à mesure que nous pouvons en substituer d'autres" Malatesta, dans "le réveil" (1910)

    "L'État est fondé sur l'esclavage du travail. Si le travail devient libre, l'État s'écroule" Stirner, dans "l'unique et sa propriété", 1844.
  17. 17,0 17,1 17,2 17,3 Malatesta, 1892, dans "un peu de théorie", tiré du "1018" de l"union générale d'éditions" : textes traduits, réunis et présentés par Israël RENOF.
  18. 18,0 18,1 18,2 Stirner, dans "L'unique et sa propriété", 1844.
  19. Kropotkine, dans "le révolté", 1888.
  20. "Nous reconnaissons [la liberté] comme l'unique fondement et comme l'unique créateur légitime de toute organisation, tant économique que politique" Bakounine, dans "Œuvres" tome I.
  21. la loi de la solidarité sociale est la première loi humaine ; la liberté est la seconde loi. Ces deux lois s'interpénétrant et, étant inséparables, elles constituent l'essence de l'humanité. Ainsi, la liberté n'est pas l'essence de la solidarité ; au contraire, elle en est le développement et, pour ainsi dire, l'humanisation. Michel Bakounine [réf. souhaitée]
  22. "L'homme ne réalise sa libre individualité qu'en se complétant de tous les individus qui l'entourent" Bakounine [réf. souhaitée]
  23. 23,0 23,1 23,2 Michel Bakounine, dans "Dieu et l’État", paru en 1882.
  24. Bakounine refusera l'individualisme bourgeois "qui pousse l'individu à conquérir et à établir son propre bien-être (...) malgré tout le monde, au détriment et sur le dos des autres" (bakounine dans "Trois Conférences faites aux ouvriers du Val de Saint-Imier", Mai 1871) - "Cet individu humain et solitaire et abstrait est une fiction, pareille à celle de dieu" (Bakounine[réf. souhaitée]) ; Malatesta la rejettera également : « La liberté que nous voulons, pour nous et pour les autres, ce n'est pas la liberté absolue, abstraite, métaphysique qui, dans la pratique, se traduit fatalement par l'oppression du plus faible. » - dans "L'anarchie"
  25. Proudhon dans "de la justice dans la révolution", 1858.
  26. 26,0 26,1 Bakounine dans "Fédéralisme, Socialisme et Antithéologisme", 1867.
  27. 27,0 27,1 Daniel Guérin dans "l'anarchisme(en) - de la doctrine à l'action -" aux éditions Gallimard "idées nrf", 1965.
  28. Malatesta, au congrès anarchiste d'Amsterdam (1907).
  29. œuvre redécouverte et publiée à la fin du XIXe siècle par John Henry Mackay.
  30. idées qu'il qualifiera de "fantômes" : « Ce serait ici le lieu de faire défiler ces fantômes [...] Nous pouvons donc nous borner à en citer quelques-uns en guise d'exemples : ainsi le Saint-Esprit, ainsi la Vérité, le Roi, la Loi, le Bien, la Majesté, l'Honneur, le Bien public, l'Ordre, la Patrie, etc. » Lire le CH. les dépossédés.
  31. 31,0 31,1 31,2 Proudhon dans "idées générales de la révolution au XIXe siècle", 1851.
  32. tiré de "Proudhon, Justice et liberté." Textes choisis par Jacques Muglioni, 1962.
  33. Lire le chapitre "la presse anarchiste" dans le livre "le mouvement anarchiste en France - des origines à 1914" de Jean Maitron.
  34. Bakounine dans "L'empire Knouto-germanique et la révolution sociale", 1871-1872.
  35. La justice c'est "Le respect spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve comprise, et à quelque risque que nous expose sa défense", Proudhon[réf. souhaitée]
  36. 36,0 36,1 Malatesta, dans le réveil du 5 novembre 1904.
  37. Voir notamment l'article "Techniques de lutte" qui expose les moyens et techniques de lutte, ici en rapport au syndicalisme, mais ces moyens peuvent également être transposables pour d'autres domaines...
  38. Stirner, dans "l'unique", prenant en exemple une grève de laboureurs salariés : "Il faut que tous les garçons de charrue marchent la main dans la main. Aussi, il n'y a que cet accord qui puisse donner un résultat"
  39. Victor Griffuelhes dans "l'action syndicaliste", 1907.
  40. "L'État garantit toujours ce qu'il trouve : aux uns leur richesse, aux autres leur pauvreté ; aux uns la liberté fondée sur la propriété, aux autres l'esclavage, conséquence fatale de leur misére ; et il force les misérables à travailler toujours et à se faire tuer au besoin pour augmenter et pour sauvegarder cette richesse des riches, qui est la cause de leur misére et de leur esclavage. Telle est la vraie nature et la vraie mission de l'État" Bakounine, [réf. souhaitée].
  41. Alors que cette expression vient du journal "Ni dieu ni maître" que fonda Auguste Blanqui, un socialiste adepte des "coups d'États", qui passera la plus grande partie de sa vie en prison.
  42. Le nationalisme « n'a jamais été autre chose que la religion politique de l'État moderne » Rudolf Rocker, dans "Nationalisme et Culture", 1937.
  43. 43,0 43,1 Bakounine, dans "Étatisme et Anarchie (Appendice)", 1873.
  44. Bakounine, [réf. souhaitée].
  45. Lire le texte "Anarchistes « électionnistes »" de Malatesta, dans piensero e volonta du 15 mai 1924.
  46. MI VOLAS HALTIGI DE ELEKTI ! (projet international pour l'abstention active)
  47. Source : "Abstention et résistances populaires" du site "Actualité de l’Anarcho-syndicalisme".
  48. l'éducation libertaire ou la pédagogie Freinet seront des méthodes tendant à laisser la responsabilité à l'élève de son éducation, l'éducateur n'étant là que pour aider aux démarches d'apprentissage (note à synthétiser de meilleure façon).
  49. Au sein de la FORA (et en parti au sein de la CNT peu avant la révolution espagnole), le finalisme révolutionnaire (ex : définir la perspective libertaire de l'organisation selon une économie communiste) sera posé pour préciser le but pour mener vers une société anarchiste.
  50. Lire l'article de Gaston Leval : Bakounine, fondateur du syndicalisme révolutionnaire. dans l'idée que le syndicalisme se suffit à lui-même comme moyen de lutte et comme outil post-révolutionnaire (remplaçant l'État), lire les articles critique Anarchisme Globaliste contre "syndicalisme révolutionnaire" ou L’Anarcho-Syndicalisme est-il soluble dans le Syndicalisme Révolutionnaire ? qui énoncent la question de l'apolitisme d'un certain "syndicalisme révolutionnaire" vis à vis de l'anarchisme.
  51. À noter que l'anarcho-syndicalisme n'est qu'une composante du syndicalisme révolutionnaire (d'autres composantes marxistes, socialistes voire nationalistes utilisant également le syndicalisme révolutionnaire)
  52. Stirner, dans "l'unique", dans un dialogue entre patron et salarié : "Eh bien, moi je suis ton valet de charrue, et dorénavant, je ne labourerai plus ton champ qu'au prix d'un écu par jour. - Alors, j'en prendrai un autre - Tu n'en trouveras pas, car nous autres, laboureurs, nous ne travaillons plus dans les mêmes conditions, et s'il s'en présente un qui demande moins, qu'il prenne garde à lui !".
  53. Henry David Thoreau, "La désobéissance civile", 1849.
  54. "Qui donc, pasteurs des peuples, vous autorise à penser que le problème de la contradiction des intérêts et de l'inégalité des facultés ne peut être résolu ? Que la distinction des classes en découle nécessairement ? Et que, pour maintenir cette distinction, naturelle et providentielle, la force est nécessaire, légitime ? J'affirme au contraire, et tous ceux que le monde appelle utopistes, parce qu'ils repoussent votre tyrannie, affirment avec moi que cette solution peut être trouvée" Proudhon, dans "idées générales de la révolution"
  55. "Révolution et insurrection ne sont pas synonymes. La première consiste en un bouleversement de l'ordre établi, du statut de l'État ou de la Société, elle n'a donc qu'une portée politique ou sociale. La seconde entraîne bien comme conséquence inévitable le même renversement des institutions établies, mais là n'est point son but, elle ne procède que du mécontentement des hommes ; elle n'est pas une levée de boucliers, mais l'acte d'individus qui s'élèvent, qui se redressent, sans s'inquiéter des institutions qui vont craquer sous leurs efforts ni de celles qui pourront en résulter. La révolution avait en vue un régime nouveau, l'insurrection nous mène à ne plus nous laisser régir mais à nous régir nous-mêmes et elle ne fonde pas de brillantes espérances sur les « institutions à venir ». Elle est une lutte contre ce qui est établi, en ce sens que, lorsqu'elle réussit, ce qui est établi s'écroule tout seul. Elle est mon effort pour me dégager du présent qui m'opprime ; et dès que je l'ai abandonné, ce présent est mort et tombe en décomposition. En somme, mon but n'étant pas de renverser ce qui est, mais de m’élever au-dessus de lui [...]" Stirner, dans l'unique et sa propriété, 1844.
  56. 56,0 56,1 Bakounine, dans "Catéchisme révolutionnaire", 1865.
  57. Bakounine, [réf. souhaitée].
  58. Statuts secrets de l’Alliance : Programme et objet de l’organisation révolutionnaire des Frères internationaux, 1868.
  59. "L'expropriation, voilà donc le mot d'ordre qui s'impose à la prochaine révolution sous peine de manquer à sa mission historique. L'expropriation complète de tous ceux qui ont le moyen d'exploiter des êtres humains" [mais, à partir du moment où il n'y a pas exploitation, il n'est pas question de toucher] "au lopin de terre [du paysan] ni à la bicoque [du manouvrier]" Pierre Kropotkine, dans "Paroles d'un révolté"[réf. souhaitée].
  60. Lissagaray, historien de la commune, énoncera qu'une des erreurs lors de la commune de Paris aura été d'oublier l'expropriation des réserves d'or ou monétaires des banques centrales. Cette erreur sera renouvelée, malgré des discussions internes sur cette question, lors de la révolution espagnole. Vernon richard, dans "enseignement de la révolution espagnole" (1957) énoncera la question ainsi :"Plus on étudie l'histoire de la guerre d'Espagne, plus on est frappé de la gravité de l'erreur commise par les organisations ouvrières en ne s'emparant pas de cette réserve d'or, pendant les premiers jours où elles étaient aussi fortes que le gouvernement étaient faibles.". Actuellement, les réseaux informatiques bancaires sont les centres névralgiques des capitalistes, et doivent certainement avoir de l'intérêt pour les pirates informatiques.
  61. jean Grave, dans "La société mourante et l'anarchie", 1895.
  62. « Point d'autorité, point de gouvernement, même populaire : la Révolution est là" - "Toutes les révolutions se sont accomplies par la spontanéité du peuple [...] Une révolution sociale (...) n'arrive pas au commandement d'un maître ayant sa théorie toute faite, ou sous la dictée d'un révélateur » Proudhon, dans "idées générales de la révolution"
  63. "L'activité constructive des paysans ne se borna pas à ces ébauches du communisme libre [...] " Voline, dans "la révolution inconnue", 1945.
  64. Abraham Guillén, s'inspirant de la guérilla qu'il pratiquera durant la révolution espagnole, écrira notamment "Stratégie de la guérilla urbaine", 1963.
  65. Luttes armées pour défendre les zones, d'autonomie et de liberté, libérées lors de l'insurrection, ou pour libérer et aider des zones soumises à l'autorité.
  66. Luttes armées pour reconquérir les zones perdues, afin de réaffirmer leur autorité politique nationale, après avoir écrasé leur ennemi libertaire. L'attitude répressive dans la révolution russe ou espagnole, de l'autorité rouge ou blanche vis à vis de la population paysanne ou prolétarienne, dont entre autre, les partisans libertaires (makhnovchtchina, cronsdtat, barcelone mai 1937, etc) est exemplaire quant aux idées qui les animent.
  67. "[l'anarchie se propose] la libération de l'humanité actuellement asservie, au triple point de vue économique, politique et social" Malatesta, au Congrès Anarchiste International d'Amsterdam (1907).
  68. "C'est bien plutôt à l'ordre lui-même, c'est-à-dire à tout État (statut) quel qu'il soit, que la guerre devrait être déclarée, et non pas à tel État déterminé, à la forme actuelle de l'État. Le but à atteindre n'est pas un autre État (l'État démocratique, par exemple), mais l'alliance, l'union, l'harmonie toujours instable et changeante de tout ce qui est et n'est qu'à condition de changer sans cesse" Stirner, dans "l'unique et sa propriété".
  69. proudhon, dans un texte, paru en décembre 1849 dans "La Voix du peuple".
  70. Élisée Reclus dans un Discours à la séance solennelle de rentrée du 22 octobre 1895 de l’Université Nouvelle de Bruxelles.
  71. Léo Ferré, dans "Il n'y a plus rien" (1973) jouant avec l'idée d'équivalence entre anarchie et désordre.
  72. "Croyant, sous l'influence de l'éducation autoritaire reçue, que l'autorité est l'âme de l'organisation sociale, pour combattre celle-là ils ont combattu et nié celle-ci (...). L'erreur fondamentale des anarchistes adversaires de l'organisation est de croire qu'une organisation n'est pas possible sans autorité - et de préférer, une fois admise cette hypothèse, renoncer à toute organisation plutôt que d'accepter la moindre autorité (...). Si nous croyions qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible" Malatesta, dans "un peu de théorie". Lire également "L’ordre et la liberté" de Fayolle.
  73. Proudhon, dans "du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la Révolution", 1861.
  74. Proudhon, dans "système des contradictions économiques", 1846.
  75. "La vie et l'action spontanée, suspendues pendant des siècles par l'action, par l'absorption toute-puissante de l'État seront rendues aux communes par l'abdication de l'État" Bakounine[réf. souhaitée].

    "L'organe de cette vie locale sera la fédération des corps de métier et c'est cette fédération locale qui constituera la future commune" District de Courtelary de la fédération jurassienne, 1880.
  76. Proudhon, dans "Les Confessions d’un révolutionnaire pour servir à l’histoire de la Révolution de Février", 1851.
  77. "Le travail, étant seul producteur des richesses sociales, quiconque en jouit sans travailler est un exploiteur du travail d'autrui, un voleur, et le travail étant la base fondamentale de l'humaine dignité, l'unique moyen par lequel l'homme conquiert réellement et crée sa liberté, tous les droits politiques et sociaux ne devront appartenir désormais qu'aux seuls travailleurs." Bakounine, dans le "catéchisme révolutionnaire", 1865.
  78. "Tout travail humain résultant nécessairement d'une force collective, toute propriété devient, par la même raison, collective et indivise : en termes plus précis, le travail détruit la propriété" [...] " La possession individuelle est la condition de la vie sociale ; cinq mille ans de propriété le démontrent : la propriété est le suicide de la société. La possession est dans le droit ; La propriété est contre le droit" : Proudhon dans "Qu'est ce que la propriété ?". Proudhon variera parfois dans ses déclarations sur la propriété (la soutenant parfois contre la puissance de l'État : lire "théorie de la propriété" CH VI), mais il restera constant à faire la différence entre la possession individuelle et la propriété privée.

    "La propriété, comme les libéraux bourgeois la comprennent, mérite les attaques des communistes et de Proudhon" Stirner dans L'Unique et sa propriété (traduction Leclaire).
  79. "La terre, la propriété de tout le peuple, ne doit être possédée que par ceux qui la cultivent de leur bras" Bakounine, dans Oeuvres complétes, Tome 1, P 57.

    "Les capitaux, les établissements d'industrie, les matiéres premiéres et les instruments de travail (...) deviendront la propriété collective des associations ouvriéres productives, tant industrielles qu'agricoles, librement organisées et fédérées entre elles." Bakounine [réf. souhaitée].
  80. Proudhon, dans "Résumé de la question sociale. Banque d’échange", 1849.
  81. Bakounine, dans "de la guerre à la Commune", textes de 1870-1871.
  82. Diego Abad de Santillán, [réf. souhaitée], cité par Daniel Guérin dans "l'anarchisme". Lire également l'article Anarchisme sans adjectif, qui explique les relations entre les diverses tendances économiques défendues au sein de l'anarchisme, et comme nécessité de prendre une position économique de circonstance selon la situation.
  83. "le travail se mesure en raison composée de sa durée et de son intensité. [...] il ne faut comprendre dans le salaire du travailleur ni l'amortissement de ses frais d'éducation et du travail qu'il a fait sur lui-même comme apprenti non-payé ni la prime d'assurance contre les risques qu'il court, et qui sont loin d'être les mêmes dans chaque profession." Proudhon[réf. souhaitée] ; Daniel Guérin, dans "l'anarchisme", énonce que le "salaire" dont parle proudhon est "une répartition des bénéfices, librement décidés entre travailleurs associés et coresponsables".
  84. "il n'y a plus ni fort ni faible ; il n'existe que des travailleurs dont les facultés et les moyens tendront sans cesse par la solidarité individuelle et la garantie de circulation à s'égaliser". Proudhon, [réf. souhaitée].
  85. Proudhon, [réf. souhaitée]
  86. Bakounine utilise le terme "communisme" dans le sens de "communisme autoritaire", c'est à dire de le théorie communiste de l'époque qui préconisait l'autorité.
  87. Costa, Malatesta, Cafiero et Covelli, au sein du "Bulletin de la Fédération jurassienne" (N° 49), organe de l'AIT anti-autoritaire.
  88. "Science et industrie, savoir et application, découverte et réalisation pratique menant à de nouvelles découvertes, travail cérébral et travail manuel, - pensée et oeuvre des bras - tout se tient. Chaque découverte, chaque progrès, chaque augmentation de la richesse de l'humanité a son origine dans l'ensemble du travail manuel et cérébral du passé et du présent. Alors, de quel droit quiconque pourrait-il s'approprier la moindre parcelle de cet immense tout, et dire : ceci est à moi, non à vous ?" Pierre Kropotkine, "La conquête du pain (Chapitre I : Nos Richesses), 1892.
  89. Kropotkine, en 1879, propose "le communisme anarchiste [...] avec le collectivisme comme forme transitoire de la propriété"[réf. souhaitée]. Malatesta proposera en 1884 dans un programme pour une internationale anarchiste, que dans les secteurs où le potentiel communiste soit impossible, le collectivisme puisse être une solution « à titre transitoire »[réf. souhaitée].
  90. Le communisme dont parle "Cafiero" n'a évidemment rien à voir avec le "communisme autoritaire", dont les théories marxistes ! Et il parle des "sophismes collectivistes" au sujet des théories marxistes.
  91. Carlo Cafiero, dans "communisme et anarchisme", paru dans la revue " le révolté " de Genève en 1880.
  92. "La Hiérarchie durera tant qu'on croira à des principes, tant qu'on y pensera ou même qu'on les critiquera, car la critique, même la plus corrosive, celle qui ruine tous les principes admis, le fait en définitive encore au nom d'un principe." Stirner, dans "l'unique".
  93. Élisée Reclus posera de nombreux textes d'ordre écologique, notamment dans "la terre" où il expose ce point de vue : "Notre liberté, dans nos rapports avec la terre, consiste à en reconnaitre les lois pour y conformer notre existence. Quelle que soit notre relative facilité d'allures que nous ont conquise notre intelligence et notre volonté propres, nous n'en restons pas moins des produits de la planéte attachés à sa surface comme d'imperceptibilites animacules, nous sommes emportés par tous ses mouvements et nous dépendons de ses lois."
  94. Lire notamment "Pour une société écologique" de Murray Bookchin, 1971.

Bibliographie

Sur l'anarchisme

  • Proudhon, Qu'est ce que la propriété ?, Paris, 1840 ; Idées générales de la révolution au XIXe siècle, Paris, 1851 ; Du principe fédératif, Paris, 1863
  • Stirner, l'unique et sa propriété, 1843
  • Piotr Kropotkine, Paroles d'un révolté, Paris, 1885 ; L'Anarchie, sa philosophie, son idéal, Paris, 1896, rééd. 1971 ; La Science moderne et l'anarchie, Paris, 1913
  • Michel Bakounine, Protestation, Paris, 1913 ; Dieu et l'État, Paris, 1922 ; La Liberté, Paris, 1965
  • G. Plekhanov, Anarchie et socialisme, Paris, 1923
  • Alexandre Berkman, "Qu'est ce que l'anarchisme ?", 1929
  • L'Encyclopédie Anarchiste initié par Sébastien Faure en 1934.
  • G. Woodcock, Anarchy or Chaos, Londres, 1944.
  • C. A. Bontemps, L'Anarchisme et le réel, Paris, 1963
  • Daniel Guérin, L'anarchisme - de la doctrine à l'action, Gallimard "idées nrf", N°85, 1965.
  • Maurice Fayolle, Réflexions sur l'anarchisme, 1965. [1]
  • André Nataf, "La révolution anarchiste", 1968.
  • Daniel Guérin, "Ni dieu Ni maître. Anthologie de l'anarchisme", Maspero, 1970.
  • Jean Barrué, L'anarchisme aujoud'hui, 1970.
  • Luis Mercier Vega, L'Increvable Anarchisme, 1970 [2].
  • E. Mounier, Communisme, anarchisme et personnalisme, Seuil, Paris, 1978
  • Daniel Guérin, À la recherche d'un communisme libertaire, Spartacus, Paris, 1979
  • C. Harmel, Histoire de l'anarchie : des origines à 1880, Lebovici, Paris, 1984
  • Daniel Guérin, L'Anarchisme, Gallimard, Paris, 1987
  • Normand Baillargeon, L'ordre moins le pouvoir - Histoire et actualité de l'anarchisme, Agone, 2008 [3]